Il y a quelque chose qui vous frappe lorsque vous visitez des fermes de thé au Japon, que vous allez de manufacture en manufacture, c’est l’âge des exploitants. Souvent ces couples représentent la quatrième, cinquième, sixième génération, mais quand on les questionne à propos de la relève, bien souvent il n’y a plus personne après eux. Ils n’ont pas ou peu d’enfants, rarement enclins à s’inscrire dans la continuité familiale. Un vrai défi pour les productions de thé au Japon. Certes, les terres ne vont pas disparaître et les théiers sans doute pas non plus, les champs seront repris par une importante société de thé, mais cette mosaïque de très petits producteurs qui cultivent en moyenne environ cinq hectares, contribue à la richesse gastronomique du thé puisque chacun travaille les cultivars de son choix et en fonction de son terroir. Il me semble que c’est important de se fournir chez eux le plus longtemps possible, afin de donner toutes les chances à une aléatoire relève.
Bayonne, à quand la fête du thé ?
Maire-adjoint de Bayonne et belle plume, dans le récit cocasse qu’il fait de l’inauguration de la boutique de Bayonne, Yves Ugalde écrit, je cite, qu’il s’est dirigé vers cette nouvelle offre commerciale bayonnaise avec un rien de réticence, « ne serait-ce que parce que je craignais d’être reçu par quelque grand prêtre du monde d’après COVID, enfourchant toutes les montures du marketing végan et non carné des bobos écolos des grandes villes. De ces univers où le tube digestif se transforme progressivement en soliflore ». Son récit me réjouit parce que telle est bien la mission de Palais des Thés que de débarrasser le thé de ses divers clichés, et de guider chacun en fonction de ses goûts, à la façon d’un caviste, vers des thés faciles à apprécier, ou des crus plus rares. Et quel bonheur que de lire qu’il est tout prêt à se faire aujourd’hui une autre idée du camellia sinensis, d’autant que sur les terres de ce beau Pays-Basque, de très sérieuses tentatives existent à l’heure actuelle pour l’y faire pousser. Entre Nive et Adour, entre la Fête du Jambon et celle du Chocolat, à quand la Fête du Thé ?
Le voyage d’une vie
Inviter celles et ceux qui chaque jour contribuent à faire davantage connaître le thé, fait partie de ma mission. Parmi mes collaborateurs, ils sont nombreux à n’avoir encore jamais vu de théiers, et c’est à la fois une joie et la réponse à une exigence que de prendre avec eux la route des plantations. La semaine dernière, j’étais dans la vallée d’Ilam en compagnie de Anna, Cassandra, Svetlana, Clément, Pierre et Thomas. Nous avons été de petit producteur en petit producteur, nous avons découvert des gens extraordinaires, des paysages incroyables, ensemble, nous avons roulé les feuilles que nous avions nous-mêmes récoltées, rejoint par Léo, qui cherche à mes côtés les meilleurs thés du monde. Et nous nous sommes souhaité la bonne année puisque dans ce pays incroyable, nous venions d’entrer en 2079. Que de beaux moments, que de découvertes. Un voyage comme celui-là, dans des régions si inaccessibles, d’une certaine manière, c’est le voyage d’une vie, et rien ne peut me rendre plus heureux que ce partage, que de donner un peu à voir de ce métier merveilleux.
Des années de bonheur et d’émotions
Celles et ceux avec lesquels je travaille au quotidien m’ont fait la joie et la surprise de m’aider à changer de décennie, et je les en remercie du fond du cœur. Chacun a accompagné son geste d’un mot écrit sur le thé de son choix afin que lors de mes longs voyages au bout du monde ils soient toujours à mes côtés.
L’aventure Palais des Thés a débuté il y a tout juste 35 ans. J’y ai consacré plus de la moitié de ma vie et rien ne peut me toucher davantage que le sourire, la joie de celles et ceux qui font partie de cette belle aventure.
La journée du thé
Trois, quatre ou cinq fois par an nous y avons droit, je veux parler de la journée du thé. Divers organismes plus ou moins officiels, plus ou moins internationaux, ont décrété que tel jour du calendrier était celui du thé. Le quinze décembre, par exemple. Soit. Pour ma part, la journée du thé c’est tous les jours, et dès le matin : un bon thé au réveil. Puis, plus tard dans la journée, un thé pour me faire du bien, un autre à partager avec des collègues, des amis, et encore un thé avant la nuit – ici, un chaï -, pour le plaisir de me laisser envahir par ses parfums. Une journée sans thé ? Misère !
De chaleureuses pensées
Les intempéries en Inde et dans les régions himalayennes, qui ont fait de nombreuses victimes et des dégâts considérables, ont eu des conséquences sévères dans plusieurs régions de thé, à commencer par le district de Darjeeling ainsi que les vallées orientales du Népal. Le sud de l’Inde n’a pas été épargné. Des pluies violentes qui entraînent des glissements de terrain, arrachent routes et ponts, en sont la cause, en sus des activités humaines diverses qui vont de la déforestation à la construction de barrages en passant par un urbanisme non maîtrisé.
Porter davantage attention à notre planète, étendre notre bienveillance aux générations futures, telle devrait être notre préoccupation de chaque instant.
Je propose à celles ou ceux qui le souhaitent de prendre le temps aujourd’hui de se préparer un beau thé de Darjeeling ou bien du Népal, de le déguster de façon harmonieuse face à un beau paysage, par exemple, et d’envoyer ainsi à nos amis de chaleureuses pensées.
La paix !
La Covid19 aura au moins eu le mérite de rendre un peu de sérénité à des lieux de toute beauté, trop souvent pris d’assaut par des hordes de touristes. Au Myanmar, le lac Inle fait partie de ces destinations merveilleuses qu’il importe de préserver. Nul doute que pour la planète, la pandémie aura été synonyme de paix.
Je vous souhaite un bel été, et me réjouis de vous retrouver le 10 septembre prochain.
Au bout du chemin
Vivement que la vie reprenne, dans toute sa beauté, dans toute sa plénitude.
Vivement que nos sens reviennent et que nous retrouvions, lorsque nous marchons, le sens des odeurs.
Vivement que le goût des choses nous revienne à son tour, le goût du thé, bien sûr, celui qui nous est offert lorsque nous sommes accueillis, au bout du chemin.
Et leurs enfants après eux
Décidée par les Nations Unies, la journée du thé tombe chaque année le 21 mai tandis qu’une autre instance internationale a fixé la date d’une journée équivalente au 15 décembre. Ainsi, avons-nous le choix. En ce qui me concerne, c’est tous les jours la fête du thé. Tous les matins, au réveil, je me prépare un thé. Je récidive en milieu de matinée, après le repas, ainsi qu’à l’heure du thé, ou plutôt à ce que l’on appelle communément l’heure du thé sachant que pour moi, vous l’aurez compris, il n’y a pas d’heure pour le thé. Et le soir, parfois, après le dîner, un petit thé sombre pour me préparer à la nuit. Entre chacun de ces thés infusés en théière, je travaille, c’est-à-dire que je déguste du thé, chacun des nombreux échantillons qui nous parviennent. Des dizaines et des dizaines de thés chaque jour, préparés au set à déguster, cette fois. Tout cela compose une journée de thé bien remplie. Une vie de thé, même.
Une journée internationale du thé, pourquoi pas, mais pourquoi faire ? Une journée du thé, c’est bien, une journée du bon thé, c’est mieux. Le bon thé, celui récolté et manufacturé à la main. Promouvoir le thé rare est utile si l’on veut améliorer le sort des gens, si l’on veut ancrer dans le temps les pratiques agricoles respectueuses. Si l’on veut que les fermiers vivent bien, il faut leur acheter le thé plus cher, il ne s’agit pas de charité, sinon ça retombera comme un soufflé, il s’agit de les inciter à produire des thés de meilleure qualité. Un thé de meilleure qualité ça vaut dix, vingt fois, parfois cent fois plus cher qu’un thé industriel, ça assure aux fermiers des revenus bien plus substantiels, des revenus qui leur permettent de bien vivre, de rester sur leur terre, et leurs enfants après eux.
Un thé, un voyage
Sidonie et moi nous sommes rencontrés à l’invitation de Sidonie, au micro de RTL. C’était il y a plusieurs années. Nous avons eu plaisir à rester en contact et à l’occasion d’un échange, c’est-à-dire d’une dégustation de thé, nous nous sommes dits pourquoi pas ? Pourquoi ne pas unir nos passions et emmener les auditeurs, ici les amateurs de thé, en voyage au pays de leur thé préféré ? Ce projet a donné naissance à une émission de podcast – de balados diraient nos amis québécois.
Rejoignez-nous ici https://www.palaisdesthes.com/fr/podcast/, et sur les autres plateformes d’écoute habituelles, ces voyages sont pour vous.