En Assam, à peine la récolte terminée, cueilleurs d’un côté, cueilleuses de l’autre, se rassemblent et partent avec leur précieux panier vers le lieu où l’on va procéder au pesage. Certaines cueilleuses tiennent leur récipient sous le bras mais la plupart vont le poser sur la tête. Un tissu roulé sur lui-même et placé précisément au sommet de leur tête sert de support au panier. Ces étoffes aux couleurs splendides leur font comme une couronne et leur donnent, je trouve, des allures de reines.
Cueillette
En Turquie, on récolte le thé avec une cisaille
D’une manière générale le bon thé se récolte à la main. On va prélever à l’aide du pouce et de l’index, d’un geste aussi précis que rapide, le bourgeon de la feuille ainsi que les deux premières feuilles situés sur chacun des rameaux.
L’usage de cisaille est fortement déconseillé mais il est répandu dans certaines régions du monde où l’on produit des thés sans mettre tous les efforts du côté de la qualité. Aussi sympathiques que soient les fermiers de la région de Rize (Turquie) et aussi accueillants soient-ils, il faut bien reconnaître que leur méthode de récolte confère au massacre.
Ici j’ose leur prêter main forte et j’ai un peu honte, je l’avoue, d’avoir été pris en flagrant délit tandis que je manie leur ustensile.
En Assam, la récolte du thé est hiérarchisée
Le groupe de personnes en charge de la récolte du thé est assez hiérarchisée en Assam. Cela est vrai au sein des grandes plantations, en tout cas, puisqu’il existe par ailleurs des parcelles indépendantes qui appartiennent à de petits producteurs.
Dans les grandes plantations, le manager supervise des assistant-managers qui eux-mêmes organisent le travail des babus dont le rôle consiste à contrôler le travail des sardars qui ont à charge de superviser le boulot d’une brigade de workers.
Sur ma photo prise dans la plantation de Dufflating vous pouvez admirer deux sardars qui n’ont pas l’air particulièrement commodes de prime abord. Mais peut-être expriment-elles tout simplement, par cet air sérieux qui est le leur, l’autorité qu’elles incarnent.
Le Camélia : un arbuste au feuillage coriace
Dans beaucoup de pays les femmes et les hommes qui partent cueillir les feuilles du théier enfilent une sorte de manchon taillé dans une toile légère et qui leur couvre une partie du bras.
Le Camélia s’avère être plutôt coriace comme arbuste et à la fin de la journée, sans cette protection qui se porte à même la peau ou bien par-dessus un vêtement, leurs bras seraient griffés de toute part.
Gageons que cette jeune femme originaire du Yunnan, assez coquette sous son chapeau de paille, ne me contredira pas.
Cueillir le thé par 35°C et 100% d’humidité
Quand on connaît le climat qui règne ici, en Assam, on se dit que cette femme a du mérite de travailler en plein air. Pendant toute la durée de mon séjour aux alentours de Jorhat la température a oscillé entre 35 et 38 ° C et le taux d’humidité de l’air frôlait les 100 %.
Quel que soit le temps qu’il fait son large chapeau quitte rarement cette cueilleuse : selon les jours voire les heures il la protège des rayons ardents du soleil ou bien des pluies aussi fréquentes que torrentielles.
Charmante cueilleuse de thé rencontrée à Dufflating
Le rendement par hectare ici, en Assam, est quatre fois supérieur à ce qu’il est à Darjeeling. Il atteint deux tonnes par an. Chaque théier produit une telle quantité de feuilles qu’entre le mois de mars et le mois de novembre on va récolter les pousses de chaque arbuste pas moins d’une fois par semaine. Un record ! Pour autant, cette charmante cueilleuse de thé rencontrée à Dufflating Tea Estate ne baisse pas les bras devant l’ampleur de la tâche, elle affiche même une mine plutôt réjouie.
Récolte du thé par les Adivasis en Inde
Dans la région de Dooars, en Inde, la récolte du thé est fréquemment assurée par ceux que l’on appelle les Adivasis. Souvent méprisés par les Indiens car ils se situent tout en bas de l’échelle sociale ils bénéficient de discrimination positive, au même titre que les basses castes. Ils sont peu considérés alors raison de plus pour parler d’eux ici.
Les Adivasis constituent l’une des plus importantes populations tribales de l’Inde. Ils descendent des aborigènes et sont présents dans le nord-est du pays.
J’ai pris cette photo à Meenglas, près de Mal Bazaar, à quelques kilomètres de la frontière avec le Bhoutan. Dans la région de Dooars on ne produit pas de thé de très bonne qualité mais peu m’importe, c’est pour le sourire de ces cueilleurs que j’ai eu envie de faire ce billet et non pas pour parler des feuilles un peu grossières qui remplissent leur sac.
Le thé prêt à être récolté se voit à la couleur des théiers
On sait que le thé est prêt à être récolté à la couleur des arbustes. Lorsque les théiers prennent cette teinte vert-jaune c’est que les nouvelles pousses ont atteint une belle taille et qu’il est temps de s’armer de son panier et de partir à la cueillette.
Ici, vous voyez bien la différence de couleur entre ce qui n’a pas encore été cueilli, au fond de la photo, et ce qui reste après le passage de cette Chinoise aux doigts agiles, juste au premier plan.
Mais où sont les cueilleurs, sous leur chapeau pointu ?
Dans l’est de la Chine, dans le Fujian ou bien le Zhejiang, par exemple, les cueilleurs de thé se protègent de la pluie ou du soleil avec un chapeau pointu fait de bambou.
Ici, à peine le temps de régler ma profondeur de champ et voici que les cueilleurs ont disparu, pause déjeuner oblige. Ils ont laissé là leur joli couvre-chef. Du coup, dans ce champs de thé, on dirait que des lutins disputent une partie de cache-cache et que seul dépasse, à ras de théier, leur petit chapeau. C’est pour ce côté farce que cette photo me plaît. Je m’attends à ce que les chapeaux se soulèvent et à voir apparaître des visages rigolards.
Dans le Yunnan, des théiers semi-sauvages
La récolte des feuilles qui vont servir à fabriquer le Pu Er constitue une curiosité. Ici, dans l’Ouest du Yunnan, tout près de la frontière avec le Myanmar, on laisse les théiers dans un état semi-sauvage et la récolte consiste en une ballade en forêt. En effet au lieu de maintenir les théiers à hauteur de la taille, comme dans la plupart des lieux de récolte, on les laisse devenir arbres, ou bien le sont-ils depuis toujours, et on se contente de tourner autour afin de cueillir comme partout ailleurs le bourgeon et les deux feuilles suivantes.