La récolte des feuilles qui vont servir à fabriquer le Pu Er constitue une curiosité. Ici, dans l’Ouest du Yunnan, tout près de la frontière avec le Myanmar, on laisse les théiers dans un état semi-sauvage et la récolte consiste en une ballade en forêt. En effet au lieu de maintenir les théiers à hauteur de la taille, comme dans la plupart des lieux de récolte, on les laisse devenir arbres, ou bien le sont-ils depuis toujours, et on se contente de tourner autour afin de cueillir comme partout ailleurs le bourgeon et les deux feuilles suivantes.
Cueillette
Cueilleuses de thé dans la brume de Badamtam
En plein été un peu de fraicheur est toujours la bienvenue. Voici justement une brume rafraichissante qui nous vient des contreforts de l’Himalaya. Là-bas, on est tellement habitué à vivre dans les nuages que cette humidité fait partie de la vie, on n’y prête même plus attention. Notez bien que ce n’est pas désagréable et il suffit de regarder le visage de ces cueilleuses de thé pour se rendre compte que cela n’a pas l’air de les d’attrister le moins du monde. L’ambiance est plutôt à la rigolade. Cela se passe à Badamtam, une splendide plantation qui se situe au nord de Darjeeling et fait face au Sikkim.
Petit détail : remarquez-vous ce parapluie rangé dans leur hotte ? Eh bien, c’est plutôt quand il fait beau que l’on s’en sert, ici, pour se préserver du soleil et garder un joli teint.
Hotte fabriquée pour la cueillette du thé
La cueillette du thé, quasiment feuille par feuille, représente un travail inouï. Dans certains pays on porte une hotte dans le dos pour contenir les feuilles récoltées. Ces hottes sont ajourées de façon à ce que l’air circule bien et éviter ainsi tout risque de fermentation qui ruinerait le travail des cueilleurs.
Plusieurs indices permettent de reconnaître que cette photo a été prise au Népal : la tenue de l’homme et particulièrement son couvre-chef, très largement porté par tous les Népalais ; les murs de la maison avec ce torchis ocre qui remonte bien haut, ainsi que ces aplats blancs soulignés de sombre ; enfin, pour ceux qui ont passé pas mal de temps dans les plantations de thé, la forme de la hotte elle-même qui devient carrée en s’évasant n’existe que là.
Cette scène se passe du côté de Phidim, très au nord de la Vallée d’Ilam, à l’extrême est du Népal. (« Kanchenjunga Tea Estate » se situe tout près de là. « Nepal Green Tea factory » et « Himalayan Shangri-La Tea factory », un peu plus loin).
Le Népal est un pays qui reste très rural. Ici, à des heures de marche du premier village, il faut évidemment tout faire soi-même et l’on tisse devant chez soi, sans se laisser distraire le moins du monde par l’étranger qui vous photographie.
Le thé est dans le sac
Jolie lumière du soir, un peu chaude, sur ces sacs en grosse corde remplis de feuilles de thé fraîches. Cela se passe à Dellawa (Sri Lanka). Dans quelques minutes, ces mêmes feuilles seront montées à l’étage supérieur de la «tea-factory» afin de connaître la première étape de leur manufacture : le flétrissage. Cette opération peut durer jusqu’à vingt heures pour ce type de thé noir; elle consiste tout simplement à laisser les feuilles tranquilles après les avoir étalées en fine couche dans de longs bacs bien ventilés. On diminue ainsi la teneur en eau de la feuille de thé fraîche.
Une joyeuse cueilleuse de thé à l’allure de missionnaire
Dans la plaine du Teraï (région à cheval sur le Népal et l’Inde), j’ai vu que l’on utilise d’étranges croix pour définir la hauteur des théiers. La croix prend appui sur le sol et l’on ne récolte que ce qui est au-dessus de son élément horizontal. Cela donne à cette joyeuse cueilleuse une allure de missionnaire du thé.
Le manchon a la cote auprès des cueilleurs de thé
Dans différentes régions du globe, les cueilleurs de thé enfilent un manchon pour protéger leur vêtement. Le Camellia se révèle un arbuste assez coriace et il aurait tôt fait d’élargir la maille d’un tissu, voire de le trouer tout simplement. Ce n’est pas ce paysan chinois que je surprends dans sa tâche qui me contredira.
Un remonte-pente pour le thé
Le thé peut s’avérer fastidieux à transporter lorsque le terrain est en pente. Je vous en avais déjà parlé il y a quelques semaines, je vous expliquais que le cheval était une aide précieuse pour les vendeurs de thé au Népal (voir l’article). Pour les hommes et les femmes qui travaillent dans les plantations, il est également bien difficile parfois de remonter leur hotte remplie de feuilles de thé. Et cela d’autant plus que le jardin où sont récoltées ces feuilles et le bâtiment où elles sont ensuite travaillées ne se situent pas forcément à la même altitude. Vous imaginez alors l’effort physique à fournir.
Certaines plantations ont donc mis au point un remonte-pente mécanique pour transporter les sacs de thé. A Namring Tea Estate (Inde) par exemple, les cueilleurs accrochent deux ou trois sacs au bout d’une corde fixée à un câble, qui sont ensuite remontés mécaniquement. Une solution qui facilite nettement la tâche des hommes et permet par la même occasion un gain de temps considérable.
Sur cette photo, Monsieur Chaudhury et l’un de ses assistants semblent contempler ces sacs qui remontent tout seuls.
Cueillette du thé pour les hommes au Népal
Dans certaines régions du monde, la cueillette du thé est uniquement réservée aux femmes alors que les hommes sont affectés à d’autres tâches. C’est notamment le cas en Inde et dans le centre du Sri Lanka où les hommes employés dans les plantations s’occupent d’entretenir les sols et de tailler les théiers. La raison à cela ? Les femmes ont sans doute un doigté plus habile et plus sensible. La feuille de thé est chose fragile et précieuse, vous diront certains.
Mais le plus souvent, comme ici au nord de la Vallée d’Ilam, à l’Est du Népal, de l’autre côté de la frontière par rapport à Darjeeling, les tâches sont totalement mixtes et la cueillette du thé est effectuée indifféremment par les hommes ou les femmes du village. Il en va de même en Chine ou à Taïwan. Et au Japon il n’est pas rare de voir aussi bien un homme effectuer une récolte délicate qu’une femme au volant d’un tracteur.
Y a-t-il vraiment une règle expliquant ces pratiques ? Disons que là où sont passés les Anglais et où l’on rencontre des plantations étendues, le rôle de chacun est plus déterminé et le travail pas toujours réparti d’une façon qui nous semble la plus juste.
Récolte du thé mécanisée au Japon
Au Japon, la récolte du thé est largement mécanisée. Dans la région de Shizuoka, sur le plateau de Makinohara, précisément, où l’on cultive différents thés Sencha, on peut tomber sur des machines qui ont de bien curieuses manières de parler aux feuilles de thé. Et pourtant, ces doigts d’acier ajustés et aiguisés ne leur font pas que du mal. Avec un degré de précision extrême cette étrange récolteuse va savoir ne prendre que le plus tendre de la pousse.
Une ingénieuse astuce pour bien récolter le thé
Dans certaines plantations de thé on utilise une longue baguette en bambou pour s’assurer d’une récolte de qualité. Sur cette photo prise dans les Nilgiri (Inde) on comprend à quoi elle sert : la cueilleuse de thé l’a posée devant elle et ne va prélever que les pousses qui dépassent. Cela évite de toucher aux feuilles de thé de la saison précédente, plus rigides, qui ne donneraient rien de bon.