Cela va prendre quelques mois avant que nous retrouvions une vie normale, une vie avec des relations sociales et des moments de partage. Une convivialité autour d’un thé, d’un repas, d’un verre. En attendant, voilà l’image qui se présente à moi lorsque je pense à la période difficile que nous traversons et aux temps à venir, un sentier qui sinue à flanc de montagne, l’un de ces chemins étroits qu’emprunte chaque jour cueilleuses et cueilleurs, parfois chargés de lourds paniers.
De la plante à la tasse
Vive le bon sens
Il arrive à nos compatriotes d’utiliser un intermédiaire américain pour obtenir un livre disponible facilement chez le libraire de leur quartier ; d’envoyer le prix de sa course à San Francisco plutôt que de tendre le bras à l’artisan et la lui régler directement. Il en est de même avec les repas préparés par nos chers restaurateurs qui ont tant besoin de notre soutien.
Pour le thé, ne comptez pas sur moi pour marcher sur la tête. Le Palais des Thés achète ses thés à des producteurs qu’il connaît. Il leur envoie leur règlement directement, bien sûr, et peu importe si le fermier se situe dans un village du Népal, un haut plateaux du Malawi, une île japonaise. Nous sommes heureux de contribuer ainsi au bien-être de celles et ceux qui ont joint leurs efforts pour donner naissance à un délicieux cru. Vive le thé, et le bon sens !
Une piqûre recherchée
A l’heure où tout le monde parle de piqûre, je voudrais vous donner le point de vue du théier. Dans certaines parties du monde, à Taiwan et à Darjeeling, notamment, un insecte qui se nomme le paoli (Jacobiasca formosana) vient piquer la feuille du camellia sinensis. La réaction à cette piqûre ne se fait pas attendre et développe, en tasse, une puissance aromatique rare et très recherchée. On retrouve ce bouquet olfactif dans un Oriental Beauty, par exemple, ou bien un Darjeeling Muscatel. Les fermiers de ces régions protègent du mieux qu’ils peuvent l’insecte afin de s’assurer que la piqûre aura bien lieu.
Des papayes et du thé
Toutes les initiatives existent et lorsqu’on a la chance de pratiquer le métier de chercheur de thé, on est aux premières loges pour faire connaissance avec les initiatives les plus variées. Ici, dans une plantation de café de Tanzanie, qui s’essaye aussi à la culture du thé, les expérimentations ne manquent pas. La dernière en date, évider des papayes pour les fourrer d’un thé semi-oxydé que l’on a préalablement flétri et roulé.. Après une courte oxydation, on cale la feuille humide dans le creux du fruit mûr pour qu’elle s’imprègne de leur délicieux parfum.
Un thé, un voyage
Sidonie et moi nous sommes rencontrés à l’invitation de Sidonie, au micro de RTL. C’était il y a plusieurs années. Nous avons eu plaisir à rester en contact et à l’occasion d’un échange, c’est-à-dire d’une dégustation de thé, nous nous sommes dits pourquoi pas ? Pourquoi ne pas unir nos passions et emmener les auditeurs, ici les amateurs de thé, en voyage au pays de leur thé préféré ? Ce projet a donné naissance à une émission de podcast – de balados diraient nos amis québécois.
Rejoignez-nous ici https://www.palaisdesthes.com/fr/podcast/, et sur les autres plateformes d’écoute habituelles, ces voyages sont pour vous.
Autour du lac de Maskeliya
Que diriez-vous d’une promenade avec moi autour du lac de Maskeliya, au Sri Lanka ? Nous sommes ici à mi-chemin entre les “high grown” et les “low grown”. Entre les thés de montagne de la région de Nuwara Eliya et les thés souvent remarquables produits dans la jungle qui entoure la forêt de Sinharaja plus au sud. Cette vue est celle qui s’offre à nous lorsque l’on se tient devant le bungalow de Moray Tea estate. Le lac de Maskeliya, artificiel, est entouré de théiers et ce qui est particulier à cette région c’est la flore magnifique – cassia, poinsettia flamboyants, entre autres -, qui réchauffent de jaune ou bien de rouge le vert éternel de nos camelias.
Une balade en forêt
En cette période de confinement, on se laisse un peu aller parfois quant à son hygiène de vie, on pratique moins de sport, bref, on prend du poids. N’est-ce pas le bon moment pour se mettre au thé ? Parmi les mille vertus dont la pharmacopée chinoise pare notre fameux Camellia sinensis, celle de brûler les graisses. Cette qualité remarquable vaudrait notamment pour les thés sombres que l’on nomme pu erh, des thés aux notes puissantes de sous-bois et d’humus. À défaut de balade en forêt vous en aurez, dans votre tasse, en plus de ces présupposés bénéfices, tous les parfums.
Des théiers plus forts, plus robustes
Il n’y a pas que nous, humains, qui sommes attaqués par les virus, les théiers aussi. En ce qui les concerne, il revient aux centres de recherches de trouver des remèdes aux maladies. Cela ne passe pas par des vaccins, comme dans le cas des humains, bien sûr, cela passe par le fait d’observer les théiers les plus résistants, de les croiser afin de donner naissance à de nouveaux théiers plus forts, plus robustes.
La vallée de Kangra
Aujourd’hui, je vous emmène dans la vallée de Kangra, aux confins de l’Etat du Pendjab et de celui du Cachemire, en Inde. Une région où les plantations de thé ont été organisées par les Anglais dans la seconde moitié du XIXe siècle.
En 1905, un terrible tremblement de terre ravagea les domaines et nos amis British abandonnèrent la production de peur qu’à nouveau, la terre ne s’ouvre en deux. Plus d’un siècle plus tard, les mêmes plantations se portent à merveille, on y récolte un thé dont la qualité s’est nettement améliorée avec les années, et aucun tremblement de terre majeur n’y a été ressenti depuis.
Confinement et fermentation
Les feuilles de thé ne doivent pas rester confinées longtemps, au risque de fermenter. Lors de leur transport jusqu’au lieu de leur manufacture, sitôt la récolte achevée, elles sont emballées dans des sacs dont la matière doit être assez légère et aérée, et le temps de trajet suffisamment court, pour ne pas faire courir aux jeunes pousses le risque d’une transformation involontaire.