Le thé fumé ou Lapsang Souchong est une spécialité du Fujian, c’est un thé peu apprécié des Chinois donc réservé à l’export. Les normes européennes s’étant renforcées il y a plusieurs années à propos de tout ce qui concerne les risques alimentaires, il est aujourd’hui très difficile de trouver un thé fumé conforme à ces normes, non pas en raison de pesticides particuliers mais en raison d’une molécule qui apparaît naturellement en cours de fumage et qui se nomme anthraquinone. Depuis plusieurs années, j’encourage de nombreux fermiers à modifier les techniques de fumage afin de produire un thé fumé autorisé : un travail de longue haleine mais qui parfois porte ses fruits.
De la plante à la tasse
Premiers pas
C’est la rentrée ! Pour celles et ceux qui découvrent le thé, voici les premières choses à savoir quant à cette plante. Le thé vient du camelia sinensis, une variété de camelia. Sur cet arbuste à feuille persistante, on prélève plusieurs fois par an les jeunes pousses que l’on va ensuite transformer selon le type de thé que l’on souhaite obtenir (vert, noir, blanc, etc.). La couleur du thé provient donc non pas de l’arbuste mais du travail de la feuille après la cueillette. Par ailleurs, le théier se plaît dans les régions dont le climat est chaud et humide, il apprécie les sols acides et aime être arrosé de façon régulière tout au long de l’année. Enfin, l’altitude (on trouve du thé jusqu’à 2.500 mètres) favorise la qualité du thé au détriment du rendement.
À propos de la sélection des thés verts de Chine primeurs
Ma sélection de thés verts primeurs chinois comporte cette année 10 thés. On y trouve les fameux Bi Luo Chun, Long Jing, Huang Shan Mao Feng, Ding Gu Da Fang, Yong Xi Huo Qing, parmi d’autres crus rares. L’enjeu d’une sélection comme celle-ci est triple : elle consiste à dénicher des thés exceptionnels qui soient à la fois propres et d’un bon rapport-qualité prix.
En 30 ans, j’ai assez voyagé en Chine pour savoir où trouver les meilleurs thés. En revanche, d’année en année, de plus en plus de Chinois sont devenus friands de ces thés rares et la demande intérieure est passée d’inexistante à forte, ce qui fait bien sûr augmenter les prix. Par ailleurs, si les normes européennes sur les résidus de pesticides sont les plus draconiennes au monde – ce dont nous pouvons nous réjouir –, elles rebutent plus d’un fermier en ce qu’elles lui imposent des analyses à la fois longues et coûteuses, réalisées en Chine puis en France.
La sélection des thés Primeurs 2019 réunit donc pour vous des thés rares, propres et d’un meilleur rapport qualité-prix possible. Je vous souhaite de belles dégustations !
Un peu d’ombre
Par temps de forte chaleur, le théier apprécie de passer chaque jour plusieurs heures à l’ombre. On plante donc des arbres au-dessus des théiers dans les zones géographiques pouvant être soumises à des températures caniculaires.
Nous-mêmes sommes comme les théiers, à rêver, nous promenant en ville, que le feuillage des arbres nous protège du soleil et de l’excessive chaleur.
Mouiller sa chemise
Le thé au lotus fait partie des traditions vietnamiennes. La culture de cette fleur nécessite de se mouiller. Se mouiller à l’heure de la récolte qui se pratique, soit en avançant dans un étang avec de l’eau à la poitrine, soit à bord de petites barques peu étanches ; se mouiller au moment de multiplier les pieds de nelumbo nucifera puisque l’on va alors plonger le bras jusqu’à attraper quelques rhizomes destinés à un autre étang.
Thé au lotus : une tradition vietnamienne
La fleur de lotus joue un rôle très important dans la culture vietnamienne. Il n’est donc pas surprenant que dans ce pays la coutume veuille que l’on parfume du thé à l’aide de cette fleur et que l’on obtienne ainsi un thé particulièrement recherché. La production a lieu en juin et en juillet. Une opération qui demande de la patience car on va mettre en contact cinq jours de suite les feuilles de thé avec le pollen de la fleur.
Dans le Triangle d’or, des récoltants perchés !
Dans la région du Triangle d’or, on trouve des théiers pas tout à fait comme les autres. Au lieu de les maintenir à une taille basse afin de faciliter la récolte des feuilles, on les laisse pousser comme des arbres. A l’heure de la récolte, il faut alors monter dans ces camellia qui peuvent avoir plusieurs centaines d’années. Les feuilles issues de ces théiers sont particulièrement recherchées pour la manufacture des pu erh ou thés sombres.
Des machines chinoises à l’origine du renouveau népalais
Le Népal produit du thé depuis près de deux siècles. A l’origine, sa culture et l’organisation de ses plantations se sont faites à l’instar de ce qui existe à Darjeeling. Mais les choses ont depuis évolué de façon considérable. Il y a un peu plus de dix ans, plusieurs producteurs de thé assez passionnés pour aller voir ce qui se passe ailleurs, rapportent de Taiwan ou de Chine différentes machines de petite capacité permettant de travailler la feuille autrement et de façon beaucoup plus artisanale. Ces machines sont aujourd’hui largement utilisées dans la plupart des différentes coopératives du pays. Grâce à elles et à la passion de celles et ceux qui les utilisent, on peut déguster aujourd’hui des thés népalais de toute sorte : blancs, semi-oxydés, façonnés comme des perles. Et sur un plan gastronomique, des thés d’une qualité remarquable.
Le renouveau du thé népalais tel qu’on le connaît depuis une dizaine d’années vient donc de la rupture avec le système anglais.
Ne pas se fier à un nom, même prestigieux
Ce qui est compliqué à comprendre dans le thé, c’est que l’on ne peut pas se fier à un nom et en conclure à un certain niveau de qualité. Pour la bonne et simple raison que le thé pousse dans des contrées dont les variations climatiques sont souvent fortes. Il en résulte d’importantes variations de la qualité. Un exemple : pendant la mousson, il pleut sans discontinuer durant des semaines et le thé est forcément mauvais. Une plantation prestigieuse, qui produit durant les meilleures saisons des thés parfois remarquables, est bien incapable de le faire durant la saison des pluies. Un jardin prestigieux propose donc aussi de mauvais thés. D’où l’importance pour le chercheur de thé que je suis de toujours déguster avant d’acheter, et ne jamais se fier à un nom. D’où l’importance pour le client particulier d’être bien informé, bien conseillé, par des vendeurs compétents.
Une appellation peu précise
On parle de « récolte de printemps » pour désigner les premiers Darjeeling de l’année mais en réalité cette appellation est légèrement trompeuse dans la mesure où la récolte ne coïncide pas tout à fait avec la saison. Pour deux raisons. D’une part, les plantations de basse altitude qui pratiquent l’irrigation bénéficient de températures plus clémentes et produisent quelques fois de petits lots dès la fin février. D’autre part, on récolte tous les 8 à 10 jours les feuilles qui poussent sur un même rameau, or il se trouve qu’après trois pousses successives, le rameau contrarié donne une pousse latérale de moindre qualité (appelée banjhi) qui marque la fin des premières récoltes. La récolte de printemps s’arrête donc en réalité aux alentours de mi-avril.