De la plante à la tasse

À chacun son printemps

28 avril 2017
À chacun son printemps

 

A celles et ceux qui souhaitent découvrir les thés de printemps, voici mes conseils. Les Darjeeling récoltés en mars et avril développent des notes florales soutenues qui vont de pair avec une certaine astringence et une pointe d’amertume. Pour des parfums plus briochés et floraux à la fois, rendez-vous avec les thés du Népal de printemps, ils sont récoltés dès le début du mois d’avril. Aux amateurs de notes de châtaigne, de notes à la fois minérales et végétales, je ne saurais que trop conseiller les thés de Chine primeur (les plus rares d’entre eux et aussi les plus recherchés et donc les plus chers étant ce qu’on appelle les pre Qing Ming, récoltés avant la fête des lumières qui a lieu tout début avril). Enfin, pour les amoureux des notes iodées, des notes de gazon coupé et de légume à la vapeur, les Ichibancha du Japon sont de pures merveilles. Ils sont récoltés entre fin-avril et mi-mai. Bien sûr je ne suis pas ici exhaustif, il reste d’autres pays à découvrir mais si on parle de printemps, de nature qui s’éveille, si on recherche des thés qui évoquent le jardin, la sève, ce sont à ces thés là que l’on pense en premier.

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À propos de la sélection des Darjeeling de Printemps

14 avril 2017
À propos de la sélection des Darjeeling de Printemps

 

Les Darjeeling de Printemps sont les thés les plus difficiles à acheter car la production n’y est pas organisée comme ailleurs. A Darjeeling, on récolte les feuilles d’un même théier tous les 7 à 10 jours et comme les plantations sont divisées en une dizaine de parcelles cela revient à cueillir sans cesse. Aussitôt après la cueillette, on transforme les feuilles jusqu’à obtenir un lot qui sera proposé à la vente dans son intégralité. Chacune des 80 plantations de cette région manufacture donc un thé chaque jour, pour ne parler que des thés en feuilles entières, les meilleurs, bien sûr. Ces plantations ne mélangent pas le thé d’un jour avec le thé du lendemain. Cela signifie que 6 fois par semaine durant environ 6 semaines chacune des 87 plantations met en vente un thé, ce qui fait aux alentours de 3.000 lots différents à goûter pour ce qu’on appelle les Darjeeling de printemps. Les différences de qualité sont considérables d’un lot à un autre. Même issu de la même plantation, un thé peut être cent fois meilleur qu’un autre si on voulait quantifier ces différences.

Bien sûr, on ne peut se fier de façon certaine ni à un nom de jardin, ni à un cépage, cela serait trop simple. Seule la dégustation à l’aveugle permet de juger de la qualité. Et il faut aller vite, très vite car même si nous sommes peu nombreux à recevoir ces échantillons – une trentaine d’acheteurs seulement de par le monde -, il suffit parfois de 30 minutes après réception des quelques grammes nécessaires à sa préparation pour qu’un très beau thé soit déjà vendu. Il faut donc aller vite tout en restant calme et concentré, aussi zen que possible. Mais ces thés en provenance du toit du monde en valent largement la peine, ce sont les premiers thés de la saison, ils portent en eux cette fraîcheur printanière et ces parfums floraux, zestés, incomparables.

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Un cépage riche en antioxydants

31 mars 2017
Un cépage riche en antioxydants

On peut désirer déguster un thé pour ses qualités gastronomiques, on peut être dans le même temps sensible aux bienfaits du thé et en particulier à sa teneur en polyphénols.

L’un des cépages les plus riches en antioxydants se nomme TRFK 306/1. Il a été mis au point par le fameux centre de recherche de thé du Kenya que j’ai eu l’occasion de visiter. La particularité de ce cépage, outre que les polyphénols sont en quantité une fois et demie plus importante que pour les autres thés, réside dans la couleur de ses feuilles. Vous pouvez admirer ici, à droite, leur belle teinte pourpre.

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Japon, la fin du cépage unique

3 mars 2017
Japon, la fin du cépage unique

 

La semaine dernière, je vous disais que la mise en commun des feuilles de thé par les coopératives japonaises pouvait limiter la richesse gustative des thés de ce pays, mais il y a aussi des évolutions très positives qui nous viennent du Japon. Par exemple celle-ci : il y a plusieurs décennies, on pouvait dire que le pays était monocépage, c’est-à-dire que l’écrasante majorité des cultivars utilisés ne se résumait qu’au Yabukita. De façon très heureuse, il y a aujourd’hui de plus en plus de cultivars utilisés au Japon. Ils se nomment Sae-Midori, Oku-Hikari, Asatsuyu, entre autres. Une plus grande diversité de cultivars signifie qu’une fois que le thé est infusé, on obtient un éventail olfactif et aromatique plus large. Cette évolution s’effectue donc pour le plus grand bonheur des amateurs.

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La mise en commun des feuilles limite la richesse gustative

24 février 2017
La mise en commun des feuilles limite la richesse gustative

J’ai un regret concernant les thés du Japon. Et mes amis japonais le savent et le partagent. Le voici : au Japon, peu de fermiers vont jusqu’à proposer un thé fini. Ils ne sont en général pas équipés pour cela en terme de matériel. Au Pays du Soleil Levant, la plupart des fermiers s’attachent à faire pousser le meilleur thé possible et à le récolter au meilleur moment mais ils vendent aussitôt après les feuilles fraîches à des coopératives qui vont terminer de fabriquer le thé. Or, ces coopératives ne savent pas séparer les lots qu’elles reçoivent et leur faire subir un traitement personnalisé. Elles vont mettre en commun les feuilles récoltées par les différents fermiers. Il en découle une certaine uniformisation du goût alors que si chaque fermier allait jusqu’au bout de la fabrication de son thé, on aurait sûrement une richesse gustative, un éventail de goût et de saveurs plus large.

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Au Japon, le thé se récolte 3 à 4 fois par an

10 février 2017
Au Japon, le thé se récolte 3 à 4 fois par an

Au Japon, du fait d’une main d’œuvre onéreuse, les récoltes sont le plus souvent mécaniques. De ce fait, au lieu de récolter le thé toutes les semaines, comme cela se pratique dans certaines régions du monde, on va récolter trois fois par an seulement : au printemps, en été et en automne. Sur l’île de Kyushu, en raison d’un climat plus chaud que dans les îles plus au nord, on récolte le thé jusqu’à quatre fois par an. Les récoltes ont lieu en avril, juin, août et octobre. La récolte la plus prisée reste la première que l’on nomme ici comme ailleurs au Japon, ichibancha.

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Une plantation volcanique

27 janvier 2017
Une plantation volcanique

A l’extrême sud du Japon, la proximité des champs de thé et des volcans en activité rend nécessaire un traitement particulier des feuilles de thé. En effet, les volcans crachent plusieurs fois par an des cendres qui se déposent aux alentour et l’on va donc commencer une fois le thé récolté par rincer les feuilles de thé avant de passer à la première étape de leur fabrication, l’étuvage. Ce rinçage se fait à l’eau froide durant 30 minutes et pas davantage pour perdre le moins possible de composants aromatiques.

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Kuwapani : un passé peu banal

16 décembre 2016
Kuwapani : un passé peu banal

Certaines plantations de thé ont une origine peu banale, la plantation de Kuwapani (Népal), par exemple. A quelques années d’ici se trouvait à Kuwapani un élevage vétuste de lapins angoras qui vivotait, je veux parler de l’élevage, mais les lapins sans doute aussi, les malheureux, aimés pour leur fourrure et leur fourrure seulement. Le propriétaire de l’élevage a vu naître sur la colline d’en face une plantation de thé puis une autre, il a vu le travail de la récolte et de la transformation des feuilles, il a pris goût à ce que faisaient ses voisins qui avaient pour nom Jun Chiyabari et Guranse, il a été témoin de leur succès grandissant. Et, un beau jour, il a décidé de transformer son activité voire d’en changer radicalement. Il a ouvert les clapiers, équipé son bâtiment principal des machines nécessaires à la transformation des feuilles de thé (rouleuses, sécheuses…), planté ses terrains environnants de théiers, recruté un homme de l’art, expérimenté et, quelques années plus tard, la plantation de Kuwapani se faisait un joli nom dans le monde du thé. J’ai appris cette histoire en dormant à Kuwapani et en interrogeant le maître des lieux à propos d’un objet qui m’intriguait. Sur la cheminée du salon trône un magnifique lapin en porcelaine.

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Little Adam’s Peak

2 décembre 2016
Little Adam’s Peak

J’ai eu la chance formidable, en me réveillant hier et sans savoir où j’étais au juste, de découvrir ce sublime paysage depuis mon lit. J’étais arrivé à Ella tard dans la nuit, en provenance de Ratnapura, et l’absence de lune ne me laissait rien présager du paysage. Dès cinq heures du matin, les chants d’oiseaux m’ont bien réveillé ainsi que les cris stridents des écureuils qui fêtaient le lever du jour à leur manière. Je suis sorti sur la terrasse pour jouir du spectacle. Et je suis resté à l’admirer. Cette montagne a pour nom Little Adam’s peak

Cela faisait un an que je n’étais pas venu dans ce beau pays et je suis heureux de voir que dans les montagnes du centre de l’île, quelques usines qui fabriquaient des thés industriels en les malmenant par l’intermédiaire d’une machine qui se nomme rotorvane, se mettent maintenant à au moins essayer de faire des thés selon la méthode dite orthodoxe, méthode qui respecte bien davantage la feuille de thé. Certes, il ne s’agit que de tentatives, mais c’est de bonne augure et cela fait plaisir de voir des planteurs de thé qui ont envie de tester de nouvelles manières de faire, de proposer des thés meilleurs, d’être curieux, des planteurs qui ont envie de grimper en qualité.

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Se bonifier avec le temps

10 novembre 2016
Se bonifier avec le temps

Ces jours-ci, une blogueuse me demande quel est mon thé préféré. Et moi, incapable de répondre, comme à chaque fois que l’on me pose cette question. Des thés, j’en aime tant de différents ! Comment pourrai-je n’en choisir qu’un seul parmi les plus remarquables d’entre eux ? Comment n’en choisir qu’un alors qu’ils se ressemblent si peu ? Comment choisir entre un ichibancha du Japon, par exemple, un Dan Cong, un Jukro, un Pu Erh sheng, un Darjeeling AV2, un Oriental Beauty, un Taiping Hou Kui ou encore un Anxi Tie Kuan Yin, pour ne vous en citer qu’un tout petit nombre parmi mes favoris, mes indispensables ? Et sans parler d’autres thés que ceux-ci et qui comptent eux aussi parmi les plus beaux thés du monde ! Sans parler également de crus moins connus et que je suis si fier d’avoir déniché sur une terre ignorée des amateurs, une terre africaine, par exemple.
Non, décidément, je ne veux pas répondre à cette question. Je ne veux pas choisir. Chaque thé à son moment. Chaque thé à son jour, son heure, son environnement. Ce matin, par exemple, jour de froid, de pluie sur Paris, jour de l’élection du président américain, je me réchauffe le corps et l’âme avec un Pu Erh Shu, un thé sombre, un thé qui a des notes de terre, des notes animales, des notes dérangeantes, très puissantes, un thé qui fait peur de prime abord, un thé qui sent l’étable, qui sent le cuir, le bois vermoulu, la cave, la mousse, les sous-bois, l’humus, la matière végétale en décomposition, un thé tout de même d’une grande richesse et qui a la particularité de se bonifier en vieillissant. Se bonifier en vieillissant, c’est tout ce que je souhaite au nouveau président américain.

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