Le flétrissage des feuilles de thé peut durer plusieurs dizaines d’heures durant lesquelles les feuilles vont perdre une partie de l’eau qu’elles contiennent. Afin d’éviter tout risque d’oxydation on va parfois souffler de l’air – froid ou chaud- , par en-dessous. A ce stade, un parfum délicieux va se répandre, très caractéristique et très floral, qui se reconnaît à des centaines de mètres alentour. C’est un parfum dont je ne me lasse pas. Il m’envoûte.
De la plante à la tasse
Il existe deux façons de planter un théier
Il existe deux façons de planter un théier. On peut le faire soit à partir d’une graine, soit à partir d’une bouture.
Ici, Rajiv Gupta, planteur de Tumsong Tea Estate, nous explique que les racines d’un théier né d’une graine (à gauche) descendent profondément dans le sol tandis que les racines d’un théier né d’une bouture (à droite) se dispersent et descendent peu. Cela va avoir d’importantes conséquences en termes de résistance aux intempéries, à la sécheresse et en termes de lutte contre l’érosion des sols.
Cet abri est le point de rendez-vous des cueilleurs
A l’heure de la pause, les cueilleuses de Darjeeling se retrouvent à l’abri du soleil et de la pluie pour boire un thé ou bien prendre leur repas. On rêverait tous de pouvoir déjeuner chaque jour dans un lieu aussi apaisant…
Ces abris sont aussi des points de rendez-vous destinés au ramassage des feuilles récoltées ainsi qu’à leur pesée. Une fois la mise en commun effectuée, les feuilles sont chargées à bord de la remorque d’un tracteur et rejoignent rapidement la factory.
Sélectionner le meilleur thé demande de la minutie
En Chine aussi bien qu’en Inde, lorsque l’on produit un thé de grande qualité, on va s’assurer jusqu’au bout que seules les meilleures feuilles ont été sélectionnées. Ici, à Fuding (Chine), on va regarder une à une toutes les feuilles du Bai Mu Dan qui vient d’être produit. C’est un travail qui demande de la minutie et beaucoup de patience. Et c’est seulement lorsque cette étape sera achevée que les feuilles pourront être mises en caisses et expédiées vers leur acheteur.
L’art délicat du flétrissage des thés blancs
Le flétrissage du thé blanc se faisait autrefois à l’air libre mais il est de nos jours de plus en plus souvent remplacé par un flétrissage dans une pièce chauffée et bien aérée. Cela permet de mieux maîtriser les conditions ambiantes. Ici, dans le Fujian (Chine), la température et le degré d’humidité sont contrôlés et la pièce jouit d’un système de ventilation sophistiqué. Ainsi les feuilles de ce Bai Mu Dan peuvent-elle peu à peu perdre leur teneur en eau.
Théier arraché sous une chaleur de plomb
Arracher un théier nécessite une force remarquable car ses racines plongent profondément en terre. Mais si l’homme que vous voyez ici transpire autant ce n’est pas du fait d’avoir réalisé cet exploit. Le théier vient en effet d’être déraciné par une pelleteuse et cet homme se contente de débiter la souche de l’arbuste à l’aide d’une machette. Il transpire de façon intense car la chaleur en Assam et le très fort taux d’humidité que l’on rencontre ici atteignent des sommets.
Ce qui me surprend le plus ici, du côté de Jorhat, c’est l’absence totale de vent. Durant des mois vous ne voyez pas une feuille d’arbre remuer dans cette région de l’Inde enclavée entre les hauts plateaux tibétains, au nord, et les montagnes birmanes à l’est.
Les cueilleurs se donnent rendez-vous pour la pesée
A la mi-journée et aussitôt la cueillette terminée les cueilleurs se donnent rendez-vous pour la pesée.
Ici, à Dufflating (Assam), chacun attend son tour et va l’un après l’autre suspendre au crochet d’une balance mobile le sac contenant les feuilles qu’il a récoltées. Le superviseur note le nom de l’ouvrier et le poids du sac qui déterminera le montant de sa paye du jour. Vous pouvez remarquer que les sacs sont ajourés ce qui permet d’éviter que les feuilles commencent à s’oxyder. Elles doivent être intactes lorsqu’elles atteignent la factory, faute de quoi le thé serait gâté.
Des cueilleuses aux allures de reines
En Assam, à peine la récolte terminée, cueilleurs d’un côté, cueilleuses de l’autre, se rassemblent et partent avec leur précieux panier vers le lieu où l’on va procéder au pesage. Certaines cueilleuses tiennent leur récipient sous le bras mais la plupart vont le poser sur la tête. Un tissu roulé sur lui-même et placé précisément au sommet de leur tête sert de support au panier. Ces étoffes aux couleurs splendides leur font comme une couronne et leur donnent, je trouve, des allures de reines.
En Turquie, on récolte le thé avec une cisaille
D’une manière générale le bon thé se récolte à la main. On va prélever à l’aide du pouce et de l’index, d’un geste aussi précis que rapide, le bourgeon de la feuille ainsi que les deux premières feuilles situés sur chacun des rameaux.
L’usage de cisaille est fortement déconseillé mais il est répandu dans certaines régions du monde où l’on produit des thés sans mettre tous les efforts du côté de la qualité. Aussi sympathiques que soient les fermiers de la région de Rize (Turquie) et aussi accueillants soient-ils, il faut bien reconnaître que leur méthode de récolte confère au massacre.
Ici j’ose leur prêter main forte et j’ai un peu honte, je l’avoue, d’avoir été pris en flagrant délit tandis que je manie leur ustensile.
En Assam, la récolte du thé est hiérarchisée
Le groupe de personnes en charge de la récolte du thé est assez hiérarchisée en Assam. Cela est vrai au sein des grandes plantations, en tout cas, puisqu’il existe par ailleurs des parcelles indépendantes qui appartiennent à de petits producteurs.
Dans les grandes plantations, le manager supervise des assistant-managers qui eux-mêmes organisent le travail des babus dont le rôle consiste à contrôler le travail des sardars qui ont à charge de superviser le boulot d’une brigade de workers.
Sur ma photo prise dans la plantation de Dufflating vous pouvez admirer deux sardars qui n’ont pas l’air particulièrement commodes de prime abord. Mais peut-être expriment-elles tout simplement, par cet air sérieux qui est le leur, l’autorité qu’elles incarnent.