Les champs de thé japonais offrent parfois de curieux paysages. Des ventilateurs perchés en haut d’innombrables poteaux hérissent les vertes rangées et leur aspect métallique contraste avec les formes douces du printemps. A quoi peuvent-ils bien servir ? A donner un peu de brise lorsque le soleil tape fort ? Pas du tout ! C’est au cœur de l’hiver que les ventilateurs vont jouer leur rôle. On va alors les actionner pour remuer un peu l’atmosphère et éviter que les nappes d’air froid stagnent au-dessus des théiers. En effet, ces nappes d’air froid pourraient endommager les arbustes, ou bien freiner leur pousse.
De la plante à la tasse
Récolte du thé mécanisée au Japon
Au Japon, la récolte du thé est largement mécanisée. Dans la région de Shizuoka, sur le plateau de Makinohara, précisément, où l’on cultive différents thés Sencha, on peut tomber sur des machines qui ont de bien curieuses manières de parler aux feuilles de thé. Et pourtant, ces doigts d’acier ajustés et aiguisés ne leur font pas que du mal. Avec un degré de précision extrême cette étrange récolteuse va savoir ne prendre que le plus tendre de la pousse.
Des théiers aux allures de feux tricolores
A New Vithanakande (au sud de Ratnapura, Sri Lanka), pour maintenir les théiers à la hauteur désirée, on donne aux arbres des allures de feux de circulation : si on voit le vert, le théier n’est pas trop haut, si le vert disparaît au profit du orange, il faut veiller à couper plus bas et si seul le rouge dépasse, rien ne va plus !
Au Japon, la récolte du thé est bien tardive
J’étais ces jours-ci du côté de Shizuoka, principale région productrice de thé du Japon. J’ai pris cette photo à Tawaramine, l’un des lieux de culture les plus prisés. Au-delà des rangées de théiers à la courbure harmonieuse, on aperçoit la ville de Shizuoka qui s’étale au bord du Pacifique.
Les fermiers de Tawaramine, à l’instar de ceux des autres montagnes environnantes (Asahina, Hirayama… ), n’ont pas trop à se plaindre cette année. Certes la récolte du thé est fortement retardée du fait d’un mois d’avril particulièrement froid, et les pousses montrent seulement le bout de leur nez. Mais ils échappent au désastre qui touche leurs collègues situés sur le plateau de Makinohara : à cause d’une altitude plus basse, d’un printemps précoce suivi d’un violent coup de froid, les théiers ont tout simplement gelé, si bien que la production de thé est en partie compromise pour eux.
Décidément, de Darjeeling à Shizuoka en passant par le Yunnan, l’Anhui, le Zhejiang, le Fujian, les récoltes sont bien tardives cette année.
La belle terre d’origine du Grand Yunnan Imperial
Le Yunnan est connu pour ses terres rouges qui ont la propriété d’être très fertiles. L’agriculture, comme ici, le thé, est l’une des ressources principales de cette région qui borde le Mekong. Grâce à des températures clémentes et qui varient peu, des thés comme le Grand Yunnan Impérial se récoltent tout au long de l’année sans différence notable de qualité.
Une ingénieuse astuce pour bien récolter le thé
Dans certaines plantations de thé on utilise une longue baguette en bambou pour s’assurer d’une récolte de qualité. Sur cette photo prise dans les Nilgiri (Inde) on comprend à quoi elle sert : la cueilleuse de thé l’a posée devant elle et ne va prélever que les pousses qui dépassent. Cela évite de toucher aux feuilles de thé de la saison précédente, plus rigides, qui ne donneraient rien de bon.
Les cueilleurs de thé s’aident de tiges en bambou
Lorsque l’on récolte les feuilles de thé, il faut bien prendre soin de ce que l’on prélève. Seuls le bourgeon et les deux feuilles suivantes sont synonymes de qualité. Parfois, pour aider les cueilleurs et cueilleuses de thé à ne pas couper un rameau de théier trop long, on leur donne une petite tige en bambou de la longueur désirée. Cela facilite le travail et leur rappelle le critère de l’excellence (ici à Namring Tea Estate, Darjeeling, Inde).
Je me méfie des plantations qui interdisent les photos
Il arrive que dans certaines plantations de thé on n’apprécie pas que vous preniez des photos. Parfois, comme ici à Kora Kundah (Inde du Sud), il est même indiqué que cela est interdit. En ce cas je me demande toujours ce que cela signifie. Que craint-on que je photographie ? Que veut-on ne pas me montrer ? La plupart du temps il s’agit d’une simple affirmation de la propriété, comme pour signifier que l’accès est défendu. En réalité, à Kora Kundah, je sais que je suis libre de voir ce que je veux et de photographier ce que je veux. Il s’agit même d’une très belle plantation produisant un thé de qualité, certifiée de surcroît pour sa production organique et équitable.
Je me méfie des plantations de thé dont l’accès n’est pas libre, ou bien qui interdisent les photos. Au départ je demande à me faire expliquer les raisons. Si elles ne sont pas convaincantes je fais demi-tour poliment après avoir refusé de commercer. Il ne faut jamais généraliser, mais je constate qu’au Sri Lanka cela arrive plus souvent qu’ailleurs.
Cueillir le pu erh, un exercice bien périlleux !
Près de Lincang, dans la province chinoise du Yunnan où l’on produit le pu erh, on laisse parfois grandir les théiers jusqu’à devenir de vrais arbres. On pense en effet que les feuilles de thé qui poussent sur ces théiers « sauvages » sont meilleures. La cueillette s’annonce alors périlleuse : il faut prendre une échelle, grimper dans ces arbres et récolter bourgeons et feuilles de thé tout en se maintenant en équilibre sur la cime. Impressionnant.
Le cheval, aide indispensable pour transporter le thé
A Ilam (Népal), on utilise de nos jours des chevaux pour transporter les feuilles de thé. Ces deux jeunes hommes ont marché pendant deux heures pour venir jusqu’à la manufacture à laquelle ils viennent vendre leurs feuilles de thé fraîches. Sur les flancs de chaque monture est accroché un sac d’une vingtaine de kilos. Il est préférable que ce long trajet n’ait pas lieu un jour de pluie, sinon la cargaison pourrait être endommagée par un tout début de fermentation.