Cela va prendre quelques mois avant que nous retrouvions une vie normale, une vie avec des relations sociales et des moments de partage. Une convivialité autour d’un thé, d’un repas, d’un verre. En attendant, voilà l’image qui se présente à moi lorsque je pense à la période difficile que nous traversons et aux temps à venir, un sentier qui sinue à flanc de montagne, l’un de ces chemins étroits qu’emprunte chaque jour cueilleuses et cueilleurs, parfois chargés de lourds paniers.
Pensées
Vive le bon sens
Il arrive à nos compatriotes d’utiliser un intermédiaire américain pour obtenir un livre disponible facilement chez le libraire de leur quartier ; d’envoyer le prix de sa course à San Francisco plutôt que de tendre le bras à l’artisan et la lui régler directement. Il en est de même avec les repas préparés par nos chers restaurateurs qui ont tant besoin de notre soutien.
Pour le thé, ne comptez pas sur moi pour marcher sur la tête. Le Palais des Thés achète ses thés à des producteurs qu’il connaît. Il leur envoie leur règlement directement, bien sûr, et peu importe si le fermier se situe dans un village du Népal, un haut plateaux du Malawi, une île japonaise. Nous sommes heureux de contribuer ainsi au bien-être de celles et ceux qui ont joint leurs efforts pour donner naissance à un délicieux cru. Vive le thé, et le bon sens !
Un horizon bouché
En ce début d’année, difficile d’avoir moins de visibilité quant aux douze mois à venir. Si quelque devin nous avait prédit il y a un an que le monde allait s’arrêter et qu’il nous faudrait bientôt sortir masqués, nous aurions bien ri. L’absence de visibilité, c’est tout ce qu’aime le théier, lui qui se plaît tant dans la brume et apprécie plus que tout l’humidité. Un horizon bouché n’est donc pas pour le contrarier. Nous le retrouverons en pleine santé l’an prochain. A défaut de belles fêtes, une pleine santé, c’est tout ce que je vous souhaite !
Assurance tout risque
Si les divinités indiennes pouvaient nous être d’un quelconque secours dans cette lutte contre la Covid19, je les implorerais sans hésiter et à titre d’offrande je déposerais à leur pied leur poids en thé. En Inde, pays où les dieux sont légions, la religion est partout et jusque sur le camion que le routier peint aux couleurs de celui sous la protection duquel il se place. Une assurance transport bien utile dans un pays où les règles de circulation, si elles existent, ne sont pas toujours partagées.
Le monde par la fenêtre
En période de Covid19, le chercheur de thé regarde le monde depuis sa fenêtre. Privé de voyage, il se console en dégustant les thés qu’il continue de recevoir des différentes plantations, et qu’il sélectionne, parfois.
En période de Covid19, le chercheur de thé rêve à de prochains voyages, à de prochaines rencontres, à de prochaines découvertes. Il partage ainsi son temps entre ces deux occupations, goûter et rêver.
Délabré
Si je choisis cette photo aujourd’hui, ça n’est pas pour illustrer les difficultés dramatiques que rencontrent les hôtels du fait du Covid 19 et de l’arrêt du tourisme, mais pour le bonheur de vous emmener dans les rues de Kolkata, une ville assez délabrée, certes, mais qui ne m’en est pas moins chère. Elle s’est développée entre autre grâce au thé. Kolkata, c’est un port, et de nos jours encore les entreprises de thé y ont leur siège. On y trouve les plus importantes enchères du pays et depuis les quais de l’ancienne capitale de l’Inde sont embarquées tous les thés d’Assam, des plaines du nord et de Darjeeling.
De belles vacances
Ce n’est pas cet été que vous ferez connaissance avec les pêcheurs du lac Inle. En équilibre à une extrémité de leur pirogue, d’un mouvement rotatif de la jambe enroulée autour de leur rame, ils entraînent d’une façon toute mystérieuse les poissons vers le filet qu’ils tiennent d’une main.
Au yeux du voyageur que je suis et si j’en juge par la fréquence de leur prise, l’aisance et la poésie de leur geste mille fois répété contraste avec son apparente efficacité. Je vous souhaite de belles vacances et si vous testez, là où vous êtes cette technique de pêche, vous m’en direz des nouvelles.
Tout simplement
Le calme, l’apaisement, le silence, le repos, la lenteur, l’ombre, la fraîcheur, l’eau, une profonde respiration, un sentiment de bien-être, loin du bruit, loin de la foule, à l’abri d’une lumière trop vive, à l’abri du mouvement, le dedans, la concentration, la contemplation, l’émerveillement.
Le temps de l’infusion, le geste qui va de la tasse jusqu’aux lèvres, la première gorgée.
Le thé, tout simplement.
Surexposition
Par les temps qui courent, mieux vaut ne pas s’exposer plus que de raison. A l’heure où de méchants virus se baladent, on est bien chez soi à déguster de délicieux thés. On admire la liqueur avant de fermer les yeux et de la faire tourner en bouche. On reste attentif à nos sensations, attentif aux arômes, à la texture sur la paroi des joues, la langue et le palais, attentif aux saveurs. Puis, après avoir dégluti, on se laisse transporter par la longueur en bouche.
Le confinement, une belle occasion de vivre des expériences gastronomiques.
Sans toit
Au Népal, parmi les personnes qui ont eu du mal à rester confinées, celles dont les les maisons n’ont toujours pas de toit. Dans des villages reculés de cet ancien royaume himalayen, il m’arrive encore de me retrouver dans des hameaux un peu isolés dont les maisons en ruine n’ont jamais été reconstruites depuis le dernier tremblement de terre. Et ce, malgré toutes les aides internationales.