En Occident le thé se prépare dans une théière, un récipient qui contient de 50cl à 150cl environ. En Asie, où l’on boit pourtant beaucoup de thé, l’usage d’une théière de cette contenance, ou même d’une théière tout court n’est pas aussi répandu que chez nous. Pour ne parler que de la Chine, pays où l’on rencontre sans doute le plus grand nombre de buveurs de thé de la planète, le thé se boit traditionnellement soit dans un zhong (petit bol avec couvercle), soit dans de minuscules tasses remplies à l’aide d’une minuscule théière, ces ustensiles – dont vous pouvez voir certains éléments sur ma photo – composent ce que l’on appelle le Gong Fu Cha.
Dégustation
A Barnesbeg, comme ailleurs, je prends le temps du thé
Une fois le thé infusé il faut patienter un peu avant de le déguster. Je saisis cette occasion pour sentir les feuilles humides et aussi pour regarder cette belle lumière du nord qui inonde la salle de dégustation. Tandis que dans la tasse la température baisse doucement, passant de la température d’infusion (environ 85 – 90 degrés pour un thé noir) à la température de dégustation (environ 50 degrés), je sors mon appareil-photo et tourne autour des tasses à la recherche du meilleur angle. Rien ne presse, ici, à Barnesbeg (Inde), la vie s’écoule à un rythme lent. Je photographie les sets à déguster pour le plaisir de capter un reflet ou bien une couleur, une ombre ou bien une ride qui parcourt la surface de la tasse. Et mes pensées voguent aussi, telle une onde qui voyage.
Cela s’appelle prendre son temps. Le temps du thé, tout simplement.
Pour sélectionner un thé, il faut en goûter des dizaines
Lors des dégustations professionnelles, on passe au crible un certain nombre de thés. Cela peut aller de trois ou quatre à plusieurs dizaines. Les thés que l’on goûte sont parfois assez semblables, comme ici à Colombo (Sri Lanka). Ils sont issus d’un même terroir et l’on va de l’un à l’autre pour les comparer. A tour de rôle, on sent les différentes feuilles infusées puis on s’intéresse à chaque liqueur. Dans le jargon professionnel on nomme infusion, la feuille infusée, et liqueur, le contenu de la tasse. (Pour en savoir plus: voir l’article Il faut avoir du nez pour choisir un thé).
La feuille de thé sèche est également présente afin de pouvoir la regarder, la sentir, la toucher, et se faire ainsi une idée complète du lot dégusté.
Il faut avoir du nez pour choisir un thé
Lorsque l’on goûte du thé, on commence d’abord par le sentir. Il s’agit d’une phase très importante de la dégustation. Observer la feuille infusée puis la respirer vous donne une foule d’informations sur le thé. Cela vous permet, par exemple, de déceler assez facilement un éventuel défaut : un excès de séchage, par exemple, une oxydation peut-être trop longue dans le cas d’un thé noir, ou bien une fermentation inappropriée. Il vous permet évidemment aussi de déceler les qualités du thé, de deviner les différents parfums que vous allez peut-être retrouver dans la tasse de façon plus ou moins semblable.
C’est seulement après avoir longuement senti la feuille infusée (que l’on appelle « l’infusion », dans le jargon), que l’on va goûter à la liqueur elle-même.
Ici, à Badamtam (Darjeeling), Binod Gurung a fermé les yeux. Il a plongé son nez dans ses feuilles humides et tièdes. Il hume, analyse, le tout dans une totale concentration.