Lors d’une interview récente, un journaliste me fait remarquer que Palais des Thés a donné naissance à deux métiers, je ne l’avais jamais réalisé. Ca n’est pas banal, sans doute de créer ne serait-ce qu’un métier. Je ne sais pas si beaucoup d’entreprises ont connu cette expérience. Palais des Thés est à l’origine de deux métiers qui n’existaient pas avant lui : celui de chercheur de thé, d’une part, celui de tea sommelier, d’autre part. Deux chercheurs de thé font aujourd’hui partie de nos équipes tandis que nous recevons des demandes de la part de nombreux postulants. Quant au diplôme de tea sommelier, il a été obtenu à ce jour par vingt-six personnes qui pratiquent aujourd’hui ce beau métier qui est au thé ce que le métier de sommelier est au vin.
Thé et gastronomie
Accompagner son thé
Il existe beaucoup de manières d’accompagner son thé. Dans certains pays, on va ajouter dans la théière, ou bien dans la tasse directement, de la menthe, des épices, du lait, du sucre… Les coutumes sont innombrables. Dans d’autres pays, on va préférer déguster, à côté de son thé, des oeufs de caille marbrés, des graines, une gousse de cardamome que l’on garde dans la bouche le temps du thé, comme en Afghanistan, et qui le parfume ainsi délicatement. Ici, dans la vallée d’Ilam, au Népal, ces framboises dorées de l’Himalaya apportent une touche gourmande au délicieux thé vert manufacturé sur les collines environnantes.
Une balade en forêt
En cette période de confinement, on se laisse un peu aller parfois quant à son hygiène de vie, on pratique moins de sport, bref, on prend du poids. N’est-ce pas le bon moment pour se mettre au thé ? Parmi les mille vertus dont la pharmacopée chinoise pare notre fameux Camellia sinensis, celle de brûler les graisses. Cette qualité remarquable vaudrait notamment pour les thés sombres que l’on nomme pu erh, des thés aux notes puissantes de sous-bois et d’humus. À défaut de balade en forêt vous en aurez, dans votre tasse, en plus de ces présupposés bénéfices, tous les parfums.
Un voyage en image
Parcourir le monde ne constitue pas une nécessité, y compris lorsque l’on exerce un métier comme le mien. Malgré la situation sanitaire mondiale, les échantillons des thés produits au bout du monde par les fermiers que nous connaissons nous arrivent. Nous les dégustons au chaud de notre salle de dégustation. Nous sélectionnons ceux que nous souhaitons. Bref, le monde du chercheur de thé continue de tourner à peu près rond en ces temps de Covid 19. Un monde étrange qui nous laisse cependant immobiles. Et lorsque la nostalgie du voyage nous prend, la nostalgie de ces paysages merveilleux, de ces montagnes, de ces cieux changeants, rien n’empêche, après tout, de nous y transporter grâce au pouvoir de l’image. Ici nous sommes dans le nord de la Thaïlande, le Triangle d’Or n’est pas loin.
Quel thé pour un buveur de café ?
Vous vous êtes sûrement demandé un jour quel thé faire déguster à un buveur de café récalcitrant. En effet, certains considèrent qu’en-dehors de leur petit noir il n’existe point de salut. Dans un cas semblable et par expérience, je vous conseille des thés aux notes pyrogénées (c’est-à-dire grillées ou encore torréfiées). Ces composés aromatiques sont très présents dans trois fameux thés japonais qui sont le Bancha Hojicha, le Shiraore Kuki Hojicha et enfin le Genmaicha. Trois thés très abordables et très faciles à apprécier qui constituent, du fait de leur parfum de torréfaction, la passerelle idéale pour aller du café vers le thé.
Des idées pétillantes
Que fait un chercheur de thé lorsqu’il ne peut plus voyager ? Il passe davantage de temps à déguster et tente de nouvelles expériences. Depuis longtemps je songe à infuser du thé dans de l’eau gazeuse, voilà qui est fait. Une heure à température ambiante, ici dans de l’eau de Perrier. Le résultat est édifiant : une boisson très rafraîchissante et, la surprise passée, délicieuse. Saine, et non sucrée, de surcroît. Elle rivalise avantageusement avec ce que l’on trouve comme soda et se conserve 24 heures au frais. De gauche à droite, Thé au yuzu, Genmaicha, Chaï Impérial et Perles de jasmin.
Ça chauffe !
On parle beaucoup de bilan carbone et si l’on pense au thé, vient aussitôt à l’esprit l’image du transport, maritime ou aérien. Pour autant, lorsque vous dégustez une tasse de thé, savez-vous quel est le principal facteur qui impacte ce bilan ? Il s’agit tout simplement de l’énergie qui sert à faire chauffer l’eau du thé. A la bouilloire, donc. Son impact est bien supérieur à celui du transport de quelques feuilles qui ne pèsent pas grand chose. Lorsque vous vous préparez un thé, si vous voulez réduire votre empreinte carbone, faites chauffer la quantité d’eau strictement nécessaire et arrêtez la bouilloire à la température choisie, plutôt que de faire chauffer deux fois trop d’eau ou bien de la conduire à une température trop élevée, pour la laisser refroidir ensuite.
Boire ou ne pas boire la tasse
Lorsque l’on déguste un nombre important de thé et que ceux-ci sont particulièrement tanniques et astringents, se pose la question d’avaler ou de ne pas avaler. Afin de préserver son palais, le dégustateur, une fois l’avoir fait tourner en bouche et analysée, va parfois préférer cracher la liqueur. Ainsi peut-il aborder la suivante avec une parfaite neutralité.
Vive le vrac !
Lorsque l’on est sensible à la bonne santé de notre planète et que l’on se soucie de diminuer sa consommation d’emballages, on peut s’interroger au moment de se préparer un thé quant à l’intérêt d’utiliser une mousseline plutôt que du vrac. Certes, en avion, à l’hôtel, on est heureux de pouvoir compter sur son propre thé afin de remédier aux déconvenues éventuelles, et on s’imagine difficilement se promener dans ces lieux avec ses propres boîtes de thé. Mais à la maison ou au bureau, quoi de plus facile que de disposer d’une théière, d’un mug avec un infuseur ou encore d’une tisanière ? Le sachet-mousseline est pratique, certes. Mais n’oublions pas que le dosage du thé est facile, une pincée à trois doigts suffit pour une tasse de 10cl. Ensuite, on verse l’eau chaude. Un geste très simple. Et un, deux voire trois emballages de moins.
Des thés à déguster au coin du feu
Avec les températures en baisse, on n’a pas envie des mêmes thés qu’à la belle saison. L’heure est aux liqueurs plus rondes, plus amples. L’heure est aux notes chaudes, au notes de bois, d’épices et de fruits compotés. Voici une suggestion de thés à déguster devant la cheminée. Pour ses notes cacaotées, je vous conseille un Jukro de Corée du Sud ; pour ses notes de cuir, un Qimen Hong Cha Mao Feng de Chine ; pour ses notes miellées, un Dianhong Jin Ya ; pour ses notes de fruits compotés, un Dongyan Shan Tie Guan Yin de Taiwan ; pour ses notes torréfiées, un Shiraore Kuki Hojicha du Japon ; pour ses notes fumées, un Spirit of Smoke du Malawi.