Dans certaines plantations de thé où l’on pratique une agriculture biologique ou bien une agriculture raisonnée, on va rencontrer de nombreux plants de citronnelle installés au milieu des théiers ou bien en bordure des chemins. La présence de citronnelle comporte plusieurs avantages et notamment celui de servir de répulsif aux multiples insectes qui ne veulent pas que du bien à nos chères feuilles de thé.
Inde
Cueilleuses jetant un œil à la qualité de leur récolte
A la fin de chaque demi-journée de récolte les cueilleuses se donnent rendez-vous sur le lieu de la pesée. Ce moment constitue une détente après le travail et chacun se met à parler, sauf s’il préfère écouter les histoires des autres. Et, bien sûr, si un étranger comme moi se trouve parmi elles ce jour-là, fait rarissime bien sûr, alors les langues se délient et les rires vont bon train.
Ici, d’un geste de la main et tout en tendant l’oreille aux plaisanteries des autres, les cueilleuses jettent un œil à la qualité de leur récolte. Le joli tissu rouge et blanc que ces femmes portent sur la tête est typique de leur région : l’Assam.
Le flétrissage des feuilles libère de délicieux parfums
Le flétrissage des feuilles de thé peut durer plusieurs dizaines d’heures durant lesquelles les feuilles vont perdre une partie de l’eau qu’elles contiennent. Afin d’éviter tout risque d’oxydation on va parfois souffler de l’air – froid ou chaud- , par en-dessous. A ce stade, un parfum délicieux va se répandre, très caractéristique et très floral, qui se reconnaît à des centaines de mètres alentour. C’est un parfum dont je ne me lasse pas. Il m’envoûte.
Les plantations bio font le bonheur des araignées
A l’heure où beaucoup de plantations de thé se mettent au bio, où l’absence de pesticides leur offre des conditions de vie paisibles, il est plus que temps de faire connaissance avec les sympathiques animaux qui se plaisent au milieu des théiers. En ce qui concerne les insectes, par exemple, on peut les ranger dans deux catégories : ceux qui nuisent à la production du thé et ceux dont la présence est utile. Parmi les insectes nuisibles se trouve la chenille arpenteuse, dont je vous ai parlé récemment. On pourrait en citer beaucoup d’autres. Du côté des insectes utiles, la coccinelle figure parmi les plus connus. Son allure amusante masque un terrible prédateur qui vous détruit des colonies de pucerons avec une efficacité remarquable.
Quant aux araignées, certaines sont nuisibles et d’autres peuvent présenter une utilité. Je ne sais pas à quelle catégorie appartient ce modèle d’une rare élégance et de grande dimension. J’ignore son nom de surcroît mais si parmi vous se trouve quelque arachnophile alors peut-être pourrait-il se charger des présentations.
Je viens de déguster les premiers thés de la saison
En octobre, à Darjeeling, commence la récolte des thés d’automne. Une fois que l’on en a fini avec les fêtes de Diwali et Dusshera on se remet à récolter les feuilles devenues un peu trop nombreuses en raison des vacances des cueilleuses et une semaine plus tard on passe à une récolte plus fine sur laquelle on va pouvoir prendre appui pour manufacturer un thé de qualité.
Ici, avec Abishek Dev, planteur de Teesta Valley Tea Estate, je déguste les tout premiers thés de la saison.
Il existe deux façons de planter un théier
Il existe deux façons de planter un théier. On peut le faire soit à partir d’une graine, soit à partir d’une bouture.
Ici, Rajiv Gupta, planteur de Tumsong Tea Estate, nous explique que les racines d’un théier né d’une graine (à gauche) descendent profondément dans le sol tandis que les racines d’un théier né d’une bouture (à droite) se dispersent et descendent peu. Cela va avoir d’importantes conséquences en termes de résistance aux intempéries, à la sécheresse et en termes de lutte contre l’érosion des sols.
Une équipe du Palais des Thés à Darjeeling
Une fois par an je propose à certains responsables du Palais des Thés qui ne sont encore jamais partis avec moi de faire leur balluchon et de me suivre dans les montagnes de thé. En effet, rien de tel qu’une visite dans les plantations pour confronter ses connaissances théoriques à la réalité et donner un nouvel élan à son savoir.
En ce mois d’octobre 2011, nous voici, Sarah Daubron (responsable du service client), moi-même, Christine Delétrée (directrice du réseau), Paul Roudez (responsable de la boutique rue de l’Annonciation), prenant la pose face à la factory de Tumsong, à Darjeeling (Inde).
Une pensée pour Seewan, un ami de longue date
J’ai appris il y a quelques jours la mort brutale de Seewan et cela m’a consterné. Seewan a été mon chauffeur pendant près de dix ans. A chacune de mes visites à Darjeeling il répondait présent et m’attendait à la sortie de l’aéroport de Bagdogra pour me conduire dans la montagne. Il était d’une gentillesse rare et ne se plaignait jamais. Il faisait en toutes circonstances preuve d’une humeur joyeuse. Il connaissait chaque endroit où je me rendais, chaque plantation de thé, chaque chemin. Seewan était devenu un ami et son assassinat me stupéfie et me fait beaucoup de peine.
Boîte d’œufs posée sur un capot de Jeep à Darjeeling
Il s’agit d’un détail mais quelque chose m’intrigue à Darjeeling depuis des années. Pourquoi les gens qui reviennent du marché prennent-ils leurs courses sur leurs genoux à l’exception notables des boîtes d’œufs que le chauffeur du taxi collectif installe sans crainte sur le capot de la Jeep ?
Quand on sait à quel point l’on est secoué sur les routes de cette région et combien d’heures de Jeep il faut pour relier deux villages entre eux on se demande d’où vient cette idée saugrenue de faire prendre des risque pareils à de bons œufs frais.
Ces jours-ci j’ai décidé de me lancer à la recherche d’une explication et à plusieurs reprises j’ai interrogé des personnes qui étaient précisément en train de lier les boîtes au capot. Je leur ai demandé pourquoi ils faisaient voyager des œufs à un endroit pareil. Et à chaque fois j’ai eu droit à la même réponse, accompagnée d’un haussement d’épaule, comme si je posais la question la plus saugrenue qui soit.
– C’est là qu’ils sont le plus en sécurité.
Il est vrai que lorsque l’on monte à plus de vingt dans une Jeep un colis fragile a plus de chance de se faire aplatir à l’intérieur de l’habitacle qu’à l’extérieur. Par ailleurs, le poids et les secousses sont telles à l’arrière du véhicule qu’il vaut mieux poser sur le devant le plus fragile.
Cet abri est le point de rendez-vous des cueilleurs
A l’heure de la pause, les cueilleuses de Darjeeling se retrouvent à l’abri du soleil et de la pluie pour boire un thé ou bien prendre leur repas. On rêverait tous de pouvoir déjeuner chaque jour dans un lieu aussi apaisant…
Ces abris sont aussi des points de rendez-vous destinés au ramassage des feuilles récoltées ainsi qu’à leur pesée. Une fois la mise en commun effectuée, les feuilles sont chargées à bord de la remorque d’un tracteur et rejoignent rapidement la factory.