Ce sont les Anglais qui ont introduit et organisé la culture du thé en Inde. Ils ont constitué de grandes plantations de thé appelées Tea Estate. Soucieux de se sentir chez eux et de ne pas se départir de leurs habitudes de vie, ils ont construit de charmants cottages typiquement British.
Lorsque je me rends à Thiashola Tea Estate (Inde), j’ai la chance de pouvoir jouir de cette maison de planteur de thé mise à ma disposition. Elle date du XIXème siècle. Nichée en bordure de jungle, elle surplombe le thé, les nuages et la plaine du Deccan. Quel bonheur d’arriver là, au milieu des fleurs, de contempler ce paysage unique, de jouir d’un silence rare. Sensation de bout du monde. Isolement total. Le moment que je préfère : à l’aube, enfiler un pull, sortir et m’asseoir sur les marches de la maison, un bol de thé fumant entre les mains, admirer le rougeoiement du ciel et la naissance du soleil.
Inde
Je viens d’acheter le premier Darjeeling de printemps
La récolte de printemps à Darjeeling est retardée pour la troisième année consécutive. Cette fois, c’est la sécheresse qui fait souffrir les plantations de thé : il n’a pas plu à Darjeeling depuis le 10 octobre 2009 ! Pourtant, le ciel est couvert, on ne voit même pas le Kanchenjunga. Dans les rares plantations qui sont irriguées, c’est le froid qui empêche les feuilles de thé de pousser. Les températures sont encore basses la nuit et au Planters Club, je dors avec une bouillotte !
A ce jour, la plupart des jardins de thé n’ont récolté qu’un seul lot (DJ1). Normalement, ils devraient déjà en avoir récolté une dizaine (DJ10). La première récolte de North Tukvar a un bouquet floral d’une qualité nettement supérieure à celle des autres plantations, même des meilleures comme Puttabong et Singbulli. Je n’ai pas hésité à acheter ce thé qui doit arriver à Paris ce weekend. Il s’agit d’un mélange clonal composé de plusieurs cultivars. D’habitude, je n’achète jamais de thé au tout début de la récolte, mais s’il ne pleut pas dans les 10 jours, il y en aura très peu.
Les quantités disponibles cette année risquent d’être nettement inférieures aux années précédentes. Ca n’a pas l’air de vraiment préoccuper le responsable de Puttabong et North Tukvar, Monsieur Somani (sur la photo), qui m’a dit avec un fatalisme tout indien : « S’il y a un orage, le thé poussera très vite, il n’y a que les Dieux qui savent…».
Le petit train de Darjeeling
Comme de nos jours tout doit aller vite, la modernisation affecte également le petit train de Darjeeling. Ainsi, pour l’une de ses liaisons quotidiennes, la locomotive à vapeur pousse un gros soupir et laisse la voie à une motrice diesel, comme on le voit ici. Progrès à fuir, donc, sauf si le voyage en lui-même ne constitue pas votre but et que seul compte pour vous le fait d’arriver.
Les cueilleuses de thé de Longview Tea Estate
Ces cueilleuses de thé de Longview Tea Estate (Inde) rigolent parce que je leur ai rapporté des photos que j’avais prises d’elles plusieurs années auparavant dans les plantations de thé. J’aime cet échange. J’aime revenir aux endroits où je suis passé, rechercher les visages, donner à voir les photos prises. Et puis s’asseoir ensemble et s’en amuser.
Sur mon blog aussi, l’échange est possible. A vous de vous exprimer si cela vous chante, de laisser vos commentaires, me dire ce qui vous touche, ou bien ce que vous n’aimez pas. Faites-moi signe de temps à autres, manifestez-vous, histoire que je sente que vous êtes là, que vous faites partie du voyage !
Le «Toy Train» reliant Jalpaiguri à Darjeeling
J’apprécie la lenteur. Je savoure toute chose qui prend son temps. Alors vous ne serez pas surpris d’apprendre que mon train préféré est l’un des plus lents au monde, peut-être le dernier train à vapeur en service. Il s’appelle le « Toy Train », il relie Jalpaiguri à Darjeeling en Inde, soit une distance de 80 km en… 8 heures ! Il faut bien qu’il reprenne son souffle pour gravir 2.088 mètres de dénivelé.
Des couffins suspendus dans les plantations de thé
En Inde, dans les plantations de thé, la garde des nourrissons est organisée. Les bébés sont placés dans des couffins suspendus pendant que leurs mères cueillent les feuilles de thé dans les champs. Le bâtiment n’est pas couvert, il s’agit d’un simple auvent. A tour de rôle une mère s’occupe des petits, les balance au rythme d’une berceuse. Lorsque l’on se promène à pied dans une plantation de thé il n’est pas rare d’entendre leur chant délicat.
Une nurserie pour les jeunes plans de thé
Parfois on n’a même plus besoin d’une graine pour faire un théier, c’est même le cas le plus fréquent. On opère simplement par bouturage en choisissant avec soin l’arbre-mère. On prélève une feuille de thé et quelques centimètres de la tige qui la soutient. On plante le tout dans un sachet fertile. La pousse va grandir et donner naissance à un système racinaire, jusqu’à devenir un vrai théier. L’espace couvert où grandissent ces jeunes plans de thé s’appelle une nurserie. Photo prise à Darjeeling en Inde.
Plantation de thé dans la brume
Un climat trop sec, un ensoleillement trop fort déplaisent au théier. C’est pourquoi on rencontre souvent des paysages de brume dans les régions où il pousse. En quelques minutes le temps change, la crête de la colline se dissipe, la silhouette des arbres s’estompe, la température tombe et l’on se retrouve en plein milieu d’un nuage comme ici, à Thiashola, une magnifique plantation de thé du sud de l’Inde.
Le thé a besoin de soins délicats
Des fleurs, des graines, c’est bien, mais pour faire du thé il ne faut pas que cela. Il faut aussi des soins délicats, de la patience, de l’observation et beaucoup de présence. De l’amour en quelque sorte. C’est un peu comme un blog, tous les jours il faut s’en occuper, lui sourire, avoir plaisir à lui donner de son temps. Voici justement des cueilleuses de thé en conversation avec leurs théiers. Elles habitent à quelques centaines de mètres de là et connaissent le moindre recoin de la parcelle. Elles connaissent chaque théier, ses forces et ses faiblesses. Elles sont concentrées et ne se laissent pas distraire par le photographe. Photo prise à Puttabong, une plantation de thé de Darjeeling (Inde).
La fleur du théier ressemble à un camellia
J’exagère un peu de vous avoir montré une graine sans vous avoir même parlé de la fleur du théier. La voici, et si vous trouvez qu’elle ressemble à un camellia vous avez bien raison puisque le théier fait partie de la grande famille des camellias.
Dans les plantations de thé on rencontre peu de fleurs. En effet, puisque l’on cueille ses pousses tout au long de l’année, on empêche le théier de fleurir, on le contrarie en quelque sorte. Le théier utilise toute sa sève à faire des feuilles, et si l’on rencontre un théier couvert de fleurs ce n’est pas très bon signe : cela signifie que la plantation est un peu négligée et que l’on oublie de récolter, ou bien que le théier est vieux, une floraison excessive étant signe de dégénérescence du théier. Cette jolie petite fleur dont j’ai eu envie de faire le portrait se situe dans la plantation de thé « Happy Valley », non loin de la ville de Darjeeling. Elle ne sent pas grand-chose, elle est juste jolie à regarder, d’autant qu’elle se fane vite.