Inde

Cultiver du thé : les conditions indispensables

3 novembre 2017
Cultiver du thé : les conditions indispensables

A l’occasion d’une visite à l’Institut Himalayen des Ressources Biologiques, le Docteur Rakesh Kumar rappelle à celles et ceux que j’ai invités à partir en voyage avec moi les conditions indispensables à la culture du thé : un sol acide (ph compris entre 4,5 et 5,5), une température évoluant entre 15 et 32° ainsi que des précipitations abondantes (de l’ordre de 1.500 mm d’eau par an). Bien sûr, l’altitude, l’ensoleillement, la déclivité du terrain vont aussi influer sur la façon dont la plante va se comporter.

Je choisis cette photo pour illustrer ce qu’est la déclivité. Sans nul doute c’est dans les contreforts de l’Himalaya que je rencontre les pentes les plus raides. Des pluies abondantes et un sol bien drainé, un rêve pour le théier !

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Vers des récoltes mécanisées ?

20 octobre 2017
Vers des récoltes mécanisées ?

Récolter des feuilles de thé à la main nécessite une main d’œuvre extrêmement importante, mais la récolte manuelle est gage de qualité. Certains centres de recherche, comme ici dans le nord de l’Inde, travaillent à l’optimisation de la mécanisation. On taille les arbustes de façon différente et on cherche ainsi à définir quel type de coupe mécanique permettra demain les récoltes les plus abondantes. Inutile de vous dire que je redoute la mécanisation à venir même si, dans le seul cas du Japon, elle existe depuis longtemps et n’altère pas la qualité du thé du fait de l’extrême méticulosité des fermiers de ce pays.

(photo : Laurence Jouanno)

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Des thés de qualité au pied des Dhauladhar

6 octobre 2017
Des thés de qualité au pied des Dhauladhar

Les tensions qui règnent à Darjeeling, même si elles semblent connaître enfin une éclaircie, ont guidé ce mois-ci mes pas vers d’autres montagnes. Au pied de la chaîne des Dhauladhar, à un jet de pierre du Cachemire, s’étendent quelques plantations de thé qui méritent le détour. Pas seulement pour cette vue sublime qu’elles offrent sur le massif himalayen mais aussi pour les efforts des différents producteurs locaux, efforts qui portent leur fruits. Alors que la région a fait durant des décennies un thé vert assez commun, consommé localement, on y trouve depuis peu, en cherchant bien, des thés plus artisanaux et très variés, qui se dégustent avec beaucoup de plaisir. En contemplant les Dhauladhar, bien sûr.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

La tête dans les nuages

22 septembre 2017
La tête dans les nuages

Les montagnes recouvertes de théiers montent si haut dans le ciel et les nuages tombent parfois si bas sur terre qu’il ne reste alors aucune place pour le ciel. Les nuages jouent à recouvrir de brume le tapis verdoyant des théiers, les enveloppent d’un voile de coton, les caressent, et puis s’en vont. Je pourrais rester des heures, dans chaque champ de thé que j’arpente, à contempler la beauté des paysages. Et plus je grimpe, plus je suis récompensé. Le thé ne pousse pas au-dessus de 2.000 ou 2.200 mètres mais à cette altitude-là on peut déjà s’offrir des vues à couper le souffle. Si la brume le veut bien.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

À Darjeeling, une situation dangereuse

18 août 2017
À Darjeeling, une situation dangereuse

La situation à Darjeeling est dangereuse. Tous les commerces sont fermés, les hôtels sont fermés, les routes sont bloquées. Les plantations de thé sont à l’arrêt. Et ce depuis 70 jours. La pénurie guette. Pire, dans des affrontements avec l’armée certains ont perdu la vie. J’ignore si une solution politique va être trouvée entre le gouvernement central, les responsables du Bengale-Occidental et les indépendantistes. J’ignore si les revendications pour la création du Gurkhaland, nouvel état au sein de l’Union Indienne, vont aboutir ou pas. Ce que je sais c’est que les plantations sont sinistrées et vont avoir besoin de plusieurs semaines pour être remises en état de produire du thé. Il va falloir procéder à un énorme travail de débroussaillage et de taille avant que les arbustes se mettent à pousser de façon à ce que la récolte soit aisée. D’ores et déjà la récolte d’été est fichue. La récolte d’automne verra peut-être le jour si le conflit stoppe très rapidement. Sinon il faudra renoncer à déguster des thés de Darjeeling pendant quelques temps et envoyer des pensées positives à toutes celles et ceux, habitants de ces montagnes, que je connais bien, que j’aime, et qui ne méritent pas de vivre des heures difficiles.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Vive tension à Darjeeling

7 juillet 2017
Vive tension à Darjeeling

Depuis 3 semaines, la tension est vive à Darjeeling. Commerces fermés, routes fermées, plantations de thé fermées, touristes qui ont été priés de quitter les lieux… A l’origine de cette grève générale, le fait que la population d’origine népalaise, majoritaire à Darjeeling, doive dorénavant apprendre à l’école le bengali, langue d’une région qu’ils détestent. Darjeeling fait partie du Bengale Occidental, au grand dam des autonomistes qui souhaitent obtenir un nouvel état au sein de l’Union Indienne, le Gurkhaland. Depuis 30 ans le sujet est lancinant et les manifestations, fréquentes. Avec une grève de 3 semaines en pleine récolte d’été, les plantations vont avoir bien du mal à s’en sortir cette année, d’autant qu’en raison de la sécheresse, la récolte de printemps 2017 a déjà connu une baisse de 30% de la quantité récoltée.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Les bons thés du Népal irritent les producteurs de Darjeeling

16 juin 2017
Les bons thés du Népal irritent les producteurs de Darjeeling

Les producteurs de thé indiens se plaignent de la concurrence déloyale du Népal et je ne comprends pas leurs revendications. Les producteurs de thé indiens ne se plaignent pas du fait que le Japon, la Chine ou d’autres pays encore produisent du thé. Ils sont bien obligés de faire avec. Mais dans le cas du Népal, l’Inde agit comme si elle pouvait faire pression sur ce pays dépourvu d’accès à la mer pour lui imposer ses conditions, lui faire payer des taxes et l’empêcher dans les faits d’exporter son thé. Le Népal est un pays particulièrement pauvre qui achète la plupart de ses biens de consommations à l’Inde et qui est donc sous une certaine dépendance vis-à-vis de l’Inde. Et l’Inde en joue. Parmi les reproches des producteurs de thé indiens, et particulièrement de Darjeeling, le fait que les thés du Népal feraient une concurrence déloyale aux thés de Darjeeling. Pourtant, à mes yeux, les thés du Népal ont leur caractère propre, ils sont reconnaissables, ils n’ont nul besoin du prestige de Darjeeling pour rayonner par eux-mêmes. Et leur rapport qualité-prix est excellent, bien meilleur que les thés de Darjeeling et c’est sans doute ce qui irrite le plus l’Inde. Enfin, et c’est heureux, le Népal commence à se faire un nom et un grand nom dans le domaine du thé. C’est une chance et cela vaut mieux que ce trafic qui a duré tant d’années entre certains jardins de Darjeeling peu scrupuleux qui faisaient venir à bas prix les feuilles de thé fraîches du Népal pour les manufacturer en Inde et faire croire ensuite qu’il s’agissait de pur Darjeeling… !

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

Un grand nom ne fait pas toujours un grand thé

5 mai 2017
Un grand nom ne fait pas toujours un grand thé

 

À Darjeeling comme au Népal, on ne peut se fier de façon aveugle au nom du jardin. Bien sûr, des plantations comme Turzum, Singbulli, Puttabong, Thurbo, Margaret’s Hope, Castleton,  sont beaucoup plus réputés que d’autres. Idem pour Guranse ou encore Shangri-là, au Népal. Mais il est essentiel de comprendre que même les jardins les plus prestigieux sont incapables de produire uniquement des thés de qualité. Ils n’auront pas d’autre choix que de vendre, à un moment ou un autre de l’année, des thés franchement quelconques. Durant la saison des pluies, par exemple, même un planteur expérimenté ne peut pas produire du bon thé, parce que la feuille pousse trop vite et qu’elle n’a pas le temps de se charger en huiles essentielles. Par ailleurs, chaque plantation possède des parcelles plus ou moins bien orientées, plantées de cultivars très inégaux. On peut le lundi produire un thé sublime à partir de feuilles récoltées sur une excellente parcelle, et le mardi produire un thé sans intérêt provenant d’une autre partie de la plantation. En résumé, oui certains jardins savent faire des thés absolument remarquables, mais attention, ces même jardins produisent des thés médiocres. Il faut donc être très sélectif, déguster énormément de thé pour reconnaître les meilleurs d’entre eux.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

À chacun son printemps

28 avril 2017
À chacun son printemps

 

A celles et ceux qui souhaitent découvrir les thés de printemps, voici mes conseils. Les Darjeeling récoltés en mars et avril développent des notes florales soutenues qui vont de pair avec une certaine astringence et une pointe d’amertume. Pour des parfums plus briochés et floraux à la fois, rendez-vous avec les thés du Népal de printemps, ils sont récoltés dès le début du mois d’avril. Aux amateurs de notes de châtaigne, de notes à la fois minérales et végétales, je ne saurais que trop conseiller les thés de Chine primeur (les plus rares d’entre eux et aussi les plus recherchés et donc les plus chers étant ce qu’on appelle les pre Qing Ming, récoltés avant la fête des lumières qui a lieu tout début avril). Enfin, pour les amoureux des notes iodées, des notes de gazon coupé et de légume à la vapeur, les Ichibancha du Japon sont de pures merveilles. Ils sont récoltés entre fin-avril et mi-mai. Bien sûr je ne suis pas ici exhaustif, il reste d’autres pays à découvrir mais si on parle de printemps, de nature qui s’éveille, si on recherche des thés qui évoquent le jardin, la sève, ce sont à ces thés là que l’on pense en premier.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.

À propos de la sélection des Darjeeling de Printemps

14 avril 2017
À propos de la sélection des Darjeeling de Printemps

 

Les Darjeeling de Printemps sont les thés les plus difficiles à acheter car la production n’y est pas organisée comme ailleurs. A Darjeeling, on récolte les feuilles d’un même théier tous les 7 à 10 jours et comme les plantations sont divisées en une dizaine de parcelles cela revient à cueillir sans cesse. Aussitôt après la cueillette, on transforme les feuilles jusqu’à obtenir un lot qui sera proposé à la vente dans son intégralité. Chacune des 80 plantations de cette région manufacture donc un thé chaque jour, pour ne parler que des thés en feuilles entières, les meilleurs, bien sûr. Ces plantations ne mélangent pas le thé d’un jour avec le thé du lendemain. Cela signifie que 6 fois par semaine durant environ 6 semaines chacune des 87 plantations met en vente un thé, ce qui fait aux alentours de 3.000 lots différents à goûter pour ce qu’on appelle les Darjeeling de printemps. Les différences de qualité sont considérables d’un lot à un autre. Même issu de la même plantation, un thé peut être cent fois meilleur qu’un autre si on voulait quantifier ces différences.

Bien sûr, on ne peut se fier de façon certaine ni à un nom de jardin, ni à un cépage, cela serait trop simple. Seule la dégustation à l’aveugle permet de juger de la qualité. Et il faut aller vite, très vite car même si nous sommes peu nombreux à recevoir ces échantillons – une trentaine d’acheteurs seulement de par le monde -, il suffit parfois de 30 minutes après réception des quelques grammes nécessaires à sa préparation pour qu’un très beau thé soit déjà vendu. Il faut donc aller vite tout en restant calme et concentré, aussi zen que possible. Mais ces thés en provenance du toit du monde en valent largement la peine, ce sont les premiers thés de la saison, ils portent en eux cette fraîcheur printanière et ces parfums floraux, zestés, incomparables.

Tweeter cet article sur Facebook. Tweetez cet article.