Il y a quelques jours, j’ai eu la chance de rencontrer le moine Matthieu Ricard. C’est un bonheur de l’écouter. A l’entendre, on se sent léger. On se dit que le bonheur est entre nos mains. Celui des autres, d’abord (le nôtre viendra par ricochet, comme la cerise sur le gâteau). Quelques jours plus tard, j’étais au Népal. J’aidais un ami planteur, à se lancer dans un beau projet, la reprise d’une plantation de thé à l’abandon, entre Katmandou et le Tibet. Après une marche de plusieurs heures entre des théiers souvent plus hauts que nous, nous nous sommes posés pour souffler un peu. Nous nous sommes retournés pour admirer la vue et avons eu la chance de voir à cet instant la lumière percer. Une lumière pas comme les autres. Quelque chose de très beau, une lumière auréolante qui est venue caresser les théiers.
J’ai alors pensé à ce beau mot anglais « enlightened » qui signifie « éclairé », j’ai repensé à Matthieu Ricard, j’ai pensé à la beauté de notre planète, bien sûr. Mon ami et moi, assis, la contemplions, emerveillés. Elle nous illuminait. Mais pourquoi est-ce si difficile pour tant de gens de recevoir cette beauté-là ? Pourquoi ne la voient-ils pas ? Pourquoi les hommes s’acharnent-ils à détruire notre pauvre planète, jour après jour, à longueur de vie ? Pourquoi les hommes s’acharnent-ils à coup de bitume, à coup de plastique, à coup de bulldozers, à coup d’industrialisation forcenée, à coup de panneaux publicitaires, à coup de déforestation, à coup de consommation effrénée, à saccager la Terre ? Pour quel bonheur égoïste ? Et où est l’Autre ? Où est le souci des générations suivantes ?