Difficile d’imaginer ce que manufacturer un thé représente en termes d’expertise et de raffinement. Ici, par exemple, la production achevée, cette femme ôte une à une les petites tiges et autres imperfections qu’elle détecte parmi les feuilles.
Difficile d’imaginer ce que manufacturer un thé représente en termes d’expertise et de raffinement. Ici, par exemple, la production achevée, cette femme ôte une à une les petites tiges et autres imperfections qu’elle détecte parmi les feuilles.
Les dégustations s’enchaînent en cette période de l’année. A partir de maintenant et durant plusieurs mois, je vais déguster plusieurs dizaines de thés chaque jour. Avec des pointes à cent ou cent cinquante thés. Mes dégustations se font à l’aveugle car il ne faut pas être influencé par la sympathie que l’on éprouve pour tel ou tel fermier. Le nom du jardin est donc caché afin que la sélection se fasse en premier lieu uniquement sur l’analyse sensorielle. Pour exprimer ma préférence, je vais faire ce geste que je partage avec de nombreux planteurs : en poussant la tasse du bout des doigts, de façon délicate, paume vers le ciel.
Andrew Gardner, pionnier des Grands Crus népalais, m’envoie cette photo de l’une des parcelles de sa plantation. Il lui a donné mon nom. C’est une belle surprise.
Cette attention d’Andrew me va droit au cœur. Andrew connait mes cépages préférés et c’est bien d’eux qu’il s’agit ici. Merci, Andrew, pour la qualité de ta production, ta passion, ton optimisme et ton enthousiasme.
Les croyances des uns n’interdisent pas l’humour des autres. Si les lieux religieux m’attirent souvent, de par leur force émotionnelle ou leur beauté architecturale, on peut dire que d’une façon générale, je n’étouffe pas de respect pour le sacré. Aussi, lorsqu’au cours d’une promenade, quelque part dans le massif himalayen, j’ai vu ces drapeaux de prières bouddhistes (fil du haut) côtoyer du linge en train de sécher (fil du bas), leur proximité graphique m’a sauté aux yeux et j’ai aussitôt sorti mon appareil afin de fixer cette réjouissante association. Sur le pas de sa porte, une habitante m’observait prendre ses culottes en photo, perplexe.
Voyager dans des contrées reculées me donne l’occasion de découvrir des métiers ignorés. On dit qu’il faut retourner sa literie de temps à autre et c’est sans doute faute de disposer d’un secoueur de matelas. Le gars sonne à votre porte et vous lui confiez votre couchage. Il commence par en découdre puis, à l’aide d’une baguette, il vous remue tout l’intérieur avant de ranger le rembourrage – ici un coton brut – à l’intérieur du matelas qu’il recoud aussitôt. De bonnes nuits en perspective.
Changer d’année peut être l’occasion de faire la fête mais aussi de se poser, de faire le bilan de l’année passée et de prendre de bonnes résolutions. Cela fait du bien, parfois, de regarder le monde avec un œil neuf, de se dire que l’on va désormais chercher à voir le bon côté des choses. Cela fait du bien de penser à la chance que l’on a et de réfléchir à ce que l’on peut faire pour que le monde de demain soit meilleur que celui d’aujourd’hui. Je vous souhaite une belle année, je vous souhaite de marcher sur de belles routes, d’avoir de beaux projets. Je vous souhaite, quel que soit votre âge, d’avoir la vie devant vous.
Au Népal, beaucoup de fabriques de thé ne possèdent aucun champ. Elles doivent alors acheter les feuilles de thé fraîches aux paysans alentour. Cela permet souvent une meilleure équité. En revanche, la traçabilité est moins aisée et le responsable de l’usine doit passer du temps avec chaque fermier afin de s’assurer que ses méthodes de production sont propres.
Dans son village de Soyam, Yaad Bahadur Limbu est surnommé Tea Father, ou le Père du Thé. Il a été le premier à planter des théiers dans le village et aujourd’hui, le thé y représente la première source de revenus. Tout le monde s’y est mis. Pour rejoindre le village de Soyam il faut passer un pont suspendu et grimper ensuite pendant plusieurs heures. On longe des rizières en terrasse, des champs de millet, on traverse des cours de ferme. Lorsque les villageois de Soyam récoltent les feuilles de thé, celles-ci sont transportées à dos de cheval. Pour cela, quatre ou cinq chevaux sont nécessaires. Ils prennent le même chemin que celui qui m’a vu haleter, empruntent le même pont suspendu. Chaque cheval est bâté et peut ainsi supporter cent kilos de charge. Il faut à la caravane cinq heures pour rejoindre la manufacture. Puis il lui faudra être revenue le soir même au village. Une longue expédition.
De nos jours, le principal problème auquel sont confrontés les producteurs de thé népalais consiste en un manque de main d’œuvre. Une partie non négligeable de la population est partie travailler dans les pays du Golfe, ou bien en Malaisie. Du coup, on ne récolte plus que tous les quinze jours, sur certaines montagnes, ce qui nuit à la qualité du thé. Les plantations qui produisent les meilleures qualités, heureusement, sont moins affectées. Ce problème ne concerne pas que le thé. Toute l’industrie ainsi que l’agriculture du pays sont concernées.
Je rentre tout juste du Népal et j’ai eu l’occasion de passer plusieurs jours avec mon ami Andrew Gardner qui est venu me rejoindre dans la vallée d’Ilam. Il m’avait planifié une marche de quatre heures pour rejoindre un village de petits producteurs. Andrew a travaillé dans plusieurs plantations mais on peut dire que c’est lui qui a été le premier à faire de très beaux thés au Népal. C’est à lui que l’on doit le renouveau du thé dans ce pays. Il a d’abord travaillé à Jun Chiyabari et il exerce maintenant ses talents à Guranse. Un passionné.