Cette tasse qui étincelle à la lumière du matin, je la choisis pour souhaiter à toutes et à tous une année heureuse. Une année apaisante dans un monde agité. Chacun son style et je n’aurais pas cru que cette tasse me convenait. Je la trouvais un peu poseuse sur son plateau d’argent, par-dessus une serviette amidonnée. Je lui trouvais un genre éloigné de mes goûts habituels. Jusqu’au moment d’installer le plateau du matin à même le drap. Jusqu’au moment de lui trouver de l’élégance, à cette tasse, du charme sous les premiers rayons du soleil. Cela se passe à Tbilissi. Dans une ancienne imprimerie transformée en hôtel. Chacun sa tasse, chacun son thé. Pourvu qu’il y ait toujours de la place pour la différence, pour l’écoute de l’autre. Pourvu que nous soyons davantage habités par le désir de comprendre plutôt que celui de juger. Par le désir de paix. Le thé nous relie. Le thé nous apaise. Belle et heureuse année 2025 !
Géorgie
Vivre le thé
Le thé, on peut parcourir le monde à sa recherche, on peut le déguster, l’analyser.
Il est en revanche rare de pouvoir le manufacturer soi-même. Récolter les feuilles, les rouler entre ses mains, les aider à se flétrir, les observer tandis qu’elles s’oxydent jusqu’au moment de les mettre à sécher, constitue pour tout amateur une expérience rare. Ici, en Géorgie, Nathalie, responsable au sein du service des Ressources Humaines et Charlotte, responsable de la boutique de la rue Raymond-Losserand à Paris, découvrent la joie de s’adonner à la fabrication de leur propre thé.
Demain elles le dégusteront. À l’instant de prendre cette photo, elles ne se doutent pas à quel point cette expérience particulièrement réussie les rendra à la fois étonnées et fières. Après tout, c’est bien la première fois qu’elles créent leur propre thé. Une expérience inoubliable.
Nos amis géorgiens
En ces temps difficiles pour la Géorgie, nous recevons de l’un de nos amis producteur ce message qui nous touche particulièrement. « Chaque kilo de thé géorgien vendu, tout spécialement en Europe, contribue à la fois à notre dignité et à notre survie ». Bien sûr, nous faisons ce que nous pouvons pour celles et ceux avec lesquels nous avançons main dans la main, et c’est dans cet esprit que je vous partage ce message. Si vous n’avez encore jamais dégusté de thé de Géorgie, sachez que l’on en trouve de délicieux. Le thé blanc de Guria, par exemple. Il s’agit d’une toute petite récolte. Un thé blanc travaillé à la façon des fameux Bai Mu Dan de Chine.
Au temps des Soviets
En Géorgie, les Soviets ont laissé derrière eux des bâtiments d’habitation qu’on dirait poussés au milieu de nulle part. A l’époque où le thé représentait une industrie intensive, ces bâtiments faisaient sens. Mais aujourd’hui, l’exode rural aidant et les plantations souvent disparues sous les mauvaises herbes, les mêmes bâtiments évoquent un passé révolu.
Une flore exubérante
En Géorgie, le thé pousse essentiellement dans les provinces de Gourie et d’Imeréthie, sous un vent d’ouest dominant qui pousse à longueur d’année des nuages chargés de toute l’humidité de la mer Noire. Des régions montagneuses et couvertes de jungle. Les théiers n’ayant pas été entretenus durant près de trente ans, il faut arracher fougères et ronces pour les retrouver, entre deux cueillettes. Un travail de titan pour les petits producteurs et leurs équipes qui voient en quinze jours leurs camellia sinensis disparaître sous une flore exubérante.
La Géorgie encourage les petits producteurs
A l’époque des Soviets, la Géorgie produisait beaucoup de thé pour toute l’URSS. Seulement, à l’heure de son indépendance, après le retrait des troupes, il ne restait plus rien des moyens de production, sinon des bâtiments déserts.
En l’espace de quelques années, on est passé de 152.000 tonnes de thé produit par an à seulement 1.800 tonnes. Depuis 2016, la culture du thé est remise au goût du jour par le gouvernement géorgien, qui encourage des petits producteurs à s’installer, à produire du thé de qualité, à embaucher, dans le but de contribuer à lutter contre l’exode rural.
Défricher
Jusqu’à cette année, je m’occupais seul de rechercher des thés rares, mais depuis un peu plus d’un an, je suis assisté de Léo. Parfois nous voyageons ensemble, parfois Léo part seul dans un pays donné pour y trouver des thés remarquables ou bien des fermiers aptes à faire un travail remarquable. Cette photo prise par Léo en Géorgie raconte très bien notre métier. Un métier de défricheur. De même que nous partons à l’aventure pour découvrir des thés rares, ici en Géorgie, les ronces ont envahi les théiers et le temps est venu de défricher.