Lorsque je rends visite à quelqu’un qui manufacture du thé, j’essaie de venir avec quelques échantillons que j’ai sélectionnés à son intention et que j’ai hâte de lui faire découvrir. La plupart des fermiers ne voyagent pas. Ils passent l‘année entière dans leur plantation, connaissent très peu d’occasions de déguster d’autres thés que les leurs. Il me semble que c’est important de les ouvrir à cette découverte, non pas pour qu’ils soient dans l’idée d’imiter mais pour les inspirer et les relier ainsi à d’autres producteurs de thé, eux-mêmes fiers de ce qu’ils manufacturent. Le temps de cette dégustation comme ici à Satemwa, en Afrique australe, constitue pour moi un moment fort.
Malawi
Une cueillette de qualité
Le thé ne se récolte pas tout seul. Il m’importe de mettre en avant le travail de celles et ceux qui chaque jour prélèvent sur chaque rameau le bourgeon et les deux feuilles qui composent une cueillette de qualité. Cette tâche qui s’effectue encore à la main dans de nombreux pays constitue une étape d’autant plus délicate qu’il est impossible de manufacturer un grand cru si au départ la cueillette n’a pas été réalisée avec un soin suffisant.
La photo révèle
Parfois, la photo interroge. Au moment de déclencher, il se peut que celui qui est à la manœuvre de l’autre côté de l’objectif, son boîtier bien en main, ne voit pas l’essentiel. Il est absorbé par son sujet, attend la bonne lumière, cadre, règle la vitesse d’obturation et la profondeur de champ. Et c’est seulement une fois la photo affichée sur toute la surface de l’écran d’un ordinateur que la chose lui saute aux yeux. Ici, par exemple, ce que je découvre c’est l’absence d’arbres. Sur le moment je n’ai rien vu. Comment est-ce possible ? Et comment peut-on déboiser de la sorte, cultiver de façon aussi intensive sur des collines à ras ?
Mais ce que je retiens surtout ici c’est ce mystère de la photographie qui agit parfois en deux temps, une réponse à une attirance pour des formes, des couleurs, en premier lieu. Puis quelque chose de plus profond qui se révèle ensuite.
Le culte et l’inculte
Cette photo offre une vision heureuse, à mon humble avis. On y trouve des théiers s’épanouissant au sein d’une végétation dense. Un relief accidenté, forcément pentu, des arbres nombreux, d’essences variées… Une belle harmonie entre le culte et l’inculte, entre le cultivé et le sauvage, j’entends. On imagine bien la richesse de la faune et de la flore au sein d’une telle diversité. Et pour le photographe que je suis ou que je tente d’être, une seule couleur ou presque, dirait-on au premier coup d’œil, mais à y regarder de plus près, quelle multitude, quel choix dans les verts. Et quoi de mieux que cette profusion de verts pour fêter le printemps ?
Boutures et nursery
Pour manufacturer un bon thé, encore faut-il bien connaître ses théiers. La chose est plus aisée lorsque l’on s’occupe de chacun d’eux depuis leur plus jeune âge. Nombreuses sont les plantations – comme ici à Satemwa, au Malawi – qui bouturent elles-mêmes les plants et les font ensuite grandir durant dix-huit mois dans ce que l’on nomme une nursery. Sous ombrage pour les préserver d’un trop fort ensoleillement et d’une moindre humidité, les jeunes boutures développent leur système racinaire. Plus tard, le tout jeune théier sera planté en plein terre et commencera sa vie d’adulte. Il sera alors temps de récolter ses pousses – plutôt rares les premières saisons, de plus en plus nombreuses au fur et à mesure du développement et de la ramification de l’arbuste.
Au Malawi, la plantation Satemwa fête ses cent ans
Au Malawi, la plantation de Satemwa fête ses 100 ans. L’Afrique, j’ai mis du temps à m’y intéresser. J’avais déjà pas mal à faire avec l’Asie. Et puis à force de recevoir des sollicitations, à force de curiosité et pour en avoir le cœur net, savoir si je pourrais un jour trouver de l’aussi bon thé en Afrique qu’en Asie, quand bien même les plantations seraient autrement plus récentes, je m’y suis rendu.
J’ai commencé par le Malawi. Un pays d’une rare beauté. Des champs de thé baignés d’une autre lumière. Une terre rouge. Des visages différents. Les mêmes enfants que partout qui vous courent après, déchainés, hilares. Et Alex, le planteur, depuis trois générations, qui a créé un atelier dans son imposant bâtiment afin de mettre au point des thés rares. Le début d’une belle aventure. Une merveilleuse découverte. Joyeux anniversaire à tous les hommes et les femmes de Satemwa.
Alex cultive les expériences
Lorsque vous lirez ces lignes je serai auprès de mon ami Alex à déguster chacun de ses thés. Sa plantation de Satemwa, au Malawi, fait partie de l’une des meilleures plantations d’Afrique. Non content de produire du thé pour les besoins d’acteurs industriels, Alex a mis au point différents ateliers dans lesquels il s’essaye avec succès à des expériences variées. Les thés semi-oxydés, les thés verts, blancs, fermentés, fumés, sculptés, il a tenté tout type de manufacture, ou presque. La curiosité n’est pas un vilain défaut, au contraire, c’est grâce à elle que nous progressons et Alex le démontre tous les jours.
Bien chercher
Le thé a été introduit au Malawi à la fin du XIXème siècle, par des missionnaires écossais. Il pousse à l’extrême sud de l’ancien Nyassaland, à un jet de pierre du Mozambique. A l’instar de nombreux pays d’Afrique, l’essentiel de la production est destinée au marché du sachet. Mais il n’est pas impossible d’y trouver des thés plus rares, à condition de bien chercher.
Pour fêter notre déconfinement
Pour fêter notre déconfinement je vous emmène au Malawi. Vous êtes sans doute peu nombreux à être allés dans ce pays d’Afrique de l’Est et, si j’en crois mon expérience, tout aussi peu nombreux à pouvoir le situer sur une carte. Le sud de l’ancien Nyassaland est dominé par des massifs montagneux d’une grande beauté, ainsi que des haut-plateaux recouverts de théiers.
Voici une nouvelle manière de voyager post-Covid que je vous propose aujourd’hui. Pour vous, pas besoin d’avion ni de visa. Pas de décalage horaire. Et vous pouvez, tout en contemplant les photos de ce blog sur grand écran, voyager d’un pays à un autre voire déguster en même temps le thé du pays en question. Un must.
Un métier de chercheur
Dans moins de trois mois, le cycle du printemps commence et avec lui ses moissons de nouvelles récoltes. Comme chaque année, en plus des incontournables, mon assistant chercheur de thé et moi-même allons partir en quête de thés rares. Le travail d’un chercheur de thé consiste à refaire en permanence sa sélection de thés, déguster les nouveaux crus des fermiers avec lesquels il travaille déjà (et rien ne dit que quelqu’un ayant produit un thé exceptionnel l’année précédente va réussir à en produire d’aussi bons l’année d’après). Et le travail consiste également à aller trouver de nouveaux fermiers, dans des régions de production déjà réputées autant que dans de nouvelles régions où des pionniers commencent à acquérir le savoir-faire nécessaire. Sur cette photo, un paysage du Malawi, un pays dont personne ne savait il y a seulement quelques années qu’il serait un jour capable de produire du bon thé.