Chacun organise ses vacances comme il le souhaite. Je consacre les miennes à prendre de la hauteur. Cela peut être au sens propre, marcher jusqu’à atteindre un sommet ou bien un col, m’y poser et jouir pendant des heures d’une belle vue. Mais ça peut être aussi me consacrer à la lecture, c’est une autre manière de voyager, de prendre de la distance avec le quotidien. Ou encore, une tasse de thé à la main, se retrouver au bord de la mer, la contempler, être bien.
Malawi
Des thés qui se méritent
L’Afrique produit des quantités énormes de thé – savez-vous que le Kenya est le 1er exportateur au monde ? Du mauvais thé, pour l’essentiel, destiné à la fabrication de thés en sachets. Cependant, en cherchant bien, on trouve des thés absolument merveilleux, au Kenya, au Rwanda, en Ouganda, au Malawi, entre autres. Dénicher des crus rares, que ce soit en Afrique, en Asie ou ailleurs, voilà le sens de mon métier. Un métier qui se renouvelle sans cesse car d’une saison à l’autre, d’une année à l’autre, les productions ne se ressemblent pas. Il faut déguster, encore et encore, saison après saison, pour sélectionner les meilleurs thés du moment.
Ce qui nous fait du bien ne doit faire de mal ni aux autres ni à la planète
Mon métier ne consiste pas seulement à dénicher des thés assez rares et propres à procurer une émotion gustative, une expérience gastronomique. Mon crédo est le suivant : je veux que ces thés qui nous font tant de bien ne fassent de mal ni à celles et ceux qui les récoltent et les manufacturent, ni à la planète. Une exigence qui n’est pas tous les jours simple à satisfaire. Entre les conditions de travail parfois inacceptables, les résidus de pesticides et l’usage excessif d’engrais qui finissent par détruire la vie dans les rivières, les sujets ne manquent pas. Mais je ne suis pas pessimiste pour autant. D’une part, plus on s’oriente vers des thés de qualité, plus les pratiques sont saines (plusieurs raisons à cela : l’altitude qui est un critère pour la qualité d’un thé offre des nuits plus fraîches et contrarie les différents prédateurs susceptibles de s’attaquer à la plante…) ; d’autre part, pas de thé exceptionnel si on n’est pas des plus attentifs au moindre détail dès la récolte elle-même ainsi qu’à chaque étape de sa manufacture, et cela oblige planteurs et fermiers à s’assurer les meilleurs soins d’un personnel compétent, bien formé et fidélisé. Enfin, j’ai acquis assez d’expérience pour savoir à quoi m’en tenir lorsque je visite une plantation, aussi bien en ce qui concerne les pratiques agricoles que la façon dont on considère les hommes et les femmes qui apportent leur savoir-faire. Je refuse de travailler avec beaucoup de producteurs. Et je savoure d’autant plus le plaisir de mettre en valeur le travail formidable de très nombreux fermiers dont les méthodes culturales sont exemplaires et qui savent conjuguer au quotidien le mot fraternité.
Déguster les thés d’autres fermiers
Diversifier ses cultures
Cette photo peut vous sembler curieuse et ce, à juste titre : il ne s’agit pas ici de feuilles de thé, mais de menthe. Cependant, cette photo illustre parfaitement un aspect de mon travail. En effet, de nombreux petits producteurs de par le monde font pousser du thé, procèdent à la récolte et vendent ensuite les feuilles fraîches à une coopérative, à un fermier plus important qu’eux-mêmes, ou encore à une société qui va transformer la feuille de thé. Ces petits producteurs peuvent avoir parfois un pouvoir économique fort, quand la demande en feuilles de thé est supérieure à l’offre. Mais, le plus souvent, ils sont dépendants de leur acheteur. Il est donc toujours préférable qu’un petit producteur tire ses revenus en partie du thé, mais en partie seulement, et qu’à côté du thé il développe des cultures de complément : pomme de terre, gingembre, fruits ou autre. Ainsi, il se met à l’abri de toute variation du prix du thé et s’assure une meilleure tranquillité.
Sauvage et beau
Je ne me lasse pas de la beauté des paysages du Malawi. Chaque semaine, lorsque je prépare le billet pour mon blog, je passe en revue les différentes photos que j’aime et que je n’ai pas encore utilisées ici. Et à chaque fois, je reste devant celles du Malawi, un long moment. Ces paysages sont quand même incroyables. Certes, ma photo n’est pas excellente, on ne reconnaît pas bien les théiers qui ne sont pas tout à fait nets, mais cette lumière extraordinaire, toutes ces nuances de verts et de jaunes, ce beau ciel bleu ourlé de nuages blancs, ces hauts-plateaux, ce monde sauvage à perte de vue, ces lignes douces et ces autres lignes plus anguleuses, mais dans quel monde merveilleux vivons-nous ! Si nous voulons bien nous donner la peine d’ouvrir les yeux, bien sûr. Et si nous voulons bien ne pas nous acharner à le détruire.
Pour My
Pour de nombreuses personnes qui l’exercent, le thé n’est pas un métier comme un autre. Il peut y avoir beaucoup d’amour dans le thé. Beaucoup de générosité et d’humanité. Il peut y avoir aussi beaucoup de passion chez les amateurs comme chez les producteurs et comme chez celles et ceux qui vous reçoivent dans nos boutiques et vous conseillent. A My, disparue beaucoup trop tôt et qui travaillait depuis de nombreuses années au Palais des Thés à Bruxelles, je dédie cette photo, pour elle qui aimait aussi dessiner.
Le moment des retrouvailles
Noël arrive, un moment de souffle, une pause, une parenthèse pour prendre le temps. On reçoit sa famille ou bien ses amis, on fait des kilomètres pour se retrouver. On offre des cadeaux. On ouvre sa porte aux autres, à son voisin de palier qui vit seul, peut-être, ou bien à celle ou celui qui vient de loin. On l’accueille avec une tasse de thé, bien sûr !
Je vous souhaite de belles fêtes, je vous souhaite de prendre le temps de vivre le moment intense des retrouvailles.
A nous d’accepter d’être une espèce parmi d’autres
La plupart des pays du monde sont réunis à Paris pour tenter de trouver une solution à la catastrophe écologique qui nous menace. Il faudrait d’abord rappeler que cette catastrophe, c’est nous-mêmes qui en sommes les auteurs. Ça n’est donc pas la catastrophe qui nous menace, mais bien nous-mêmes. L’Homme a accompli l’exploit, malgré sa soi-disant supériorité, d’être devenu un danger majeur pour toutes les espèces vivantes, pour tous les écosystèmes, et également pour lui-même.
A nous de changer nos habitudes. Il n’y a pas de fatalité. Ce ne sont par ailleurs pas les progrès scientifiques qui conduisent au réchauffement climatique mais le comportement d’une infime minorité de celles et ceux qui peuplent la Terre et qui accaparent l’essentiel des ressources à leur seul bénéfice et afin d’en tirer un profit maximum. Ils consomment de façon effrénée, au mépris complet de nos milieux naturels.
Il faut nous réconcilier avec notre environnement. Il faut comprendre que nous en sommes un élément comme un autre et que pour vivre en harmonie avec cet environnement, nous devons accepter de n’en être qu’un habitant. Comprendre qu’un rivage, une montagne, une forêt, un marais, un océan, un haut-plateau est un écosystème en soi et qu’il a lui aussi une existence. Une existence qui s’impose à nous.
Nous commencerons à aller mieux, et la planète qui nous offre ses ressources et sa beauté avec, lorsque nous aurons compris que la Terre n’est pas au service de l’Homme. Que nous ne la possédons pas. Que nous n’avons aucun droit sur elle, sauf celui de la préserver, dans toute sa richesse, dans toute sa diversité. Et que nous avons mieux à faire, notre vie durant, que de nous valoriser par nos consommations.
Des thés délicieux et équitables
Mon but dans la vie ? Vous offrir non seulement des thés délicieux mais aussi des thés équitables. Des thés qui permettent à ceux qui les récoltent de mener une vie heureuse, de travailler si possible à leur compte, de vivre la tête haute, de pouvoir se soigner, de pouvoir éduquer leurs enfants.