Dans une plantation de thé, les théiers ne sont pas les seuls à demander des soins, les arbres aussi requièrent que l’on s’occupe d’eux. En effet, si l’on tient à ce que leur feuillage serve à quelque chose, c’est-à-dire à dispenser une ombre légère sur la tête de nos chers camélias, encore faut-il ne pas les laisser pousser trop haut. On va donc, de temps à autre, les raccourcir sévèrement, comme ici près de Ivy Hills (Sri Lanka) afin qu’ils repartent de plus belle, et surtout de plus bas.
ARCHIVE DE 2010
A Barnesbeg, comme ailleurs, je prends le temps du thé
Une fois le thé infusé il faut patienter un peu avant de le déguster. Je saisis cette occasion pour sentir les feuilles humides et aussi pour regarder cette belle lumière du nord qui inonde la salle de dégustation. Tandis que dans la tasse la température baisse doucement, passant de la température d’infusion (environ 85 – 90 degrés pour un thé noir) à la température de dégustation (environ 50 degrés), je sors mon appareil-photo et tourne autour des tasses à la recherche du meilleur angle. Rien ne presse, ici, à Barnesbeg (Inde), la vie s’écoule à un rythme lent. Je photographie les sets à déguster pour le plaisir de capter un reflet ou bien une couleur, une ombre ou bien une ride qui parcourt la surface de la tasse. Et mes pensées voguent aussi, telle une onde qui voyage.
Cela s’appelle prendre son temps. Le temps du thé, tout simplement.
A Taïwan, on prend soin des thés semi-oxydés
A Taïwan, lorsqu’il s’agit de laisser les thés semi-oxydés (wu long) flétrir dehors, on prend grand soin d’eux. En premier lieu on a investi dans un système de toile ajourée électrique que l’on positionne ou non au-dessus des feuilles selon l’intensité lumineuse. En second lieu, on va aérer un peu le thé, le ratisser avec beaucoup de précaution pendant des heures, et ce afin que la feuille ne risque pas de s’oxyder.
ps : Adeline me rappelle à juste titre que l’on peut facilement utiliser et à tort le mot fermentation à la place du mot oxydation. Lorsque l’on parle de thés semi-fermentés pour parler d’un wu long on fait une erreur et le terme propre est semi-oxydé.
Les plantations de thé forment de petits villages
Certaines plantations de thé organisées par les Anglais sont si vastes que plusieurs milliers de personnes peuvent y vivre, disséminées un peu partout sur plusieurs centaines d’hectares. Dans le sud de l’Inde, comme ici à Thiashola, on a construit des corps de bâtiments qui regroupent une à trois familles. Ces maisons forment entre elles de petits villages où la vie sociale est importante. Si les constructions appartiennent à la plantation, elles sont en revanche mises à la disposition d’une même famille aussi longtemps que ses membres travaillent sur place. La plupart des maisons sont ainsi transmises de génération en génération.
Pour sélectionner un thé, il faut en goûter des dizaines
Lors des dégustations professionnelles, on passe au crible un certain nombre de thés. Cela peut aller de trois ou quatre à plusieurs dizaines. Les thés que l’on goûte sont parfois assez semblables, comme ici à Colombo (Sri Lanka). Ils sont issus d’un même terroir et l’on va de l’un à l’autre pour les comparer. A tour de rôle, on sent les différentes feuilles infusées puis on s’intéresse à chaque liqueur. Dans le jargon professionnel on nomme infusion, la feuille infusée, et liqueur, le contenu de la tasse. (Pour en savoir plus: voir l’article Il faut avoir du nez pour choisir un thé).
La feuille de thé sèche est également présente afin de pouvoir la regarder, la sentir, la toucher, et se faire ainsi une idée complète du lot dégusté.
Un beau paysage ne fait pas forcément un bon thé
Un beau paysage ne fait pas forcément un bon thé. Lorsque je viens de Bagdogra (Inde) et que je m’apprête à grimper pendant trois bonnes heures à l’assaut de ces contreforts himalayens, rien ne me plait autant que de m’arrêter sitôt l’étouffante Siliguri dépassée. Le terrain n’est plus tout à fait plat, la ville a disparu, la circulation s’est calmée et les klaxons aussi. Des chèvres roupillent sur la chaussée. On commence à voir loin, par-dessus les arbres, et cela aide à supporter la chaleur; on étouffe moins devant un horizon qui se dégage. Un peu de brise, des odeurs de terre, immanquablement je m’arrête et marche entre les théiers.
Ce sont de vilains théiers, à vrai dire, ils se prétendent parfois Darjeeling alors qu’ils ne le sont guère, juste un peu à l’écart de l’appellation d’origine, mais suffisamment proches pour que des négociants peu scrupuleux les mélangent au vrai et trompent l’acheteur. C’est ainsi qu’il se vend quatre fois plus de Darjeeling dans le monde qu’il n’en est réellement produit.
Mais peu importe ici puisque c’est le paysage qu’il s’agit de contempler. Et il est magnifique. Cette plaine du Teraï m’attire, cette ancienne jungle déboisée par les Anglais. On dit que quelques éléphants sauvages déboulent ici parfois, des léopards y ont leurs habitudes. Et moi je m’y sens bien, avant de repartir pour Darjeeling, je marche, je marche. Quand devant vous c’est si beau, pourquoi donc se presser ?
En route pour l’école à Kurseong
Bientôt la rentrée ! A Kurseong (Inde), ces collégiens sautent en marche dans le Toy Train et se tiennent à l’extérieur, non pas parce que le train est bondé, mais simplement parce que c’est tout de même plus amusant de faire le trajet la tête au vent.
On rigole, on dit bonjour aux passants que l’on connait lorsque le train traverse un village : une manière agréable de se rendre en cours.
Au Japon, on mange du thé vert
Au Japon, il arrive que l’on mange les feuilles de thé vert. En ce cas, il s’agit de crus assez exceptionnels dont on use ainsi après que les feuilles ont servi pour préparer un thé.
Sur cette photo, vous voyez un peu comment l’on s’y prend : après avoir déposé les feuilles de thé encore humides au fond d’un récipient, on ajoute des copeaux de bonite et l’on arrose d’un peu de sauce soja. Cela vous donne une petite salade de feuilles de thé et c’est tout simplement délicieux.
Ici, à Asahina (préfecture de Shizuoka, Japon), le thé qui a servi est un sublime «Kabuse Cha» ou «thé d’ombre» manufacturé par Monsieur Maeshima Tohei, l’un des fermiers les plus réputés de la région.
Le Xishuangbanna : jardin céleste du Pu Erh
S’il vous arrive un jour de vous promener dans le Xishuangbanna – ce que je vous souhaite car cette région au sud du Yunnan (Chine), arrosée par le Mékong, offre des paysages d’une grande beauté – vous apercevrez peut-être ces nattes posées à terre sur lesquelles on fait sécher du thé.
Il s’agit de la première étape de la fabrication du fameux Pu Erh, ce thé sublime pour certains, terrifiant pour d’autres, en raison de sa forte odeur. Mais ici nous n’en sommes qu’au tout premier stade de sa manufacture : les feuilles flétrissent au soleil pendant 24 heures, laissant échapper un délicieux parfum. Ce n’est que plus tard, lorsque l’on aura fait fermenter ces mêmes feuilles durant 45 jours, que leur odeur évoluera sensiblement. Je vous en reparlerai bientôt, d’ici là profitez-en pour découvrir ce Xishuangbanna que j’aime, ce Jardin Céleste, comme on le nomme parfois, avec ses montagnes recouvertes par la jungle, ses gorges vertigineuses. C’est sauvage et serein à la fois, on y respire dans cette Chine-là.
La Fête du Thé de Hadong
Lorsque le village de Hadong (Corée du Sud) organise une fois l’an la Fête du Thé, les organisateurs ne font pas les choses à moitié. Il faut dire que l’on vient de loin pour se promener le long des allées où chaque producteur vous fait goûter son thé. Tout le bourg revêt des habits de fête, pas un rond-point, pas un lampadaire qui ne soit décoré de constructions sophistiquées à base de feuilles ou de branches de camellia. Et mêmes les toilettes publiques mises à disposition des nombreux visiteurs ce jour-là ont droit à un magnifique décor : des jardins de thé en terrasse, inondés par une lumière du soir et qui dégringolent vers la mer. Je reste tellement ébahi par l’usage que l’on ose faire ici de ce paysage de rêve que je ne remarque rien : c’est seulement en visionnant ma photo quelques jours plus tard que je saisis le salut de la main qui vient comme sortir du décor, le V de victoire d’un usager farceur.