Lors de mon récent périple au Japon qui m’a conduit du nord de Honshu à l’extrême sud de Kyushu, je me suis rendu pour la première fois dans une ville ravissante, nichée au plus profond de montagnes recouvertes de forêts. Cette ville s’appelle Kakunodate. Elle se situe du côté d’Akita (je le précise pour ceux qui, comme moi, aiment mettre leur nez sur une carte et rêver en suivant du doigt des routes imaginaires).
A Kakunodate se perpétue la tradition du travail sur bois. Mais pas de n’importe quel bois ! Ici on ne s’occupe que du cerisier. On sculpte des objets dans son écorce, ou encore on transforme cette belle écorce en une feuille aussi souple et fine qu’un précieux parchemin que l’on vient ensuite plaquer sur l’objet désiré : une boîte à thé, par exemple.
Il s’agit d’un travail lent et soigné : on ne prélève l’écorce – à dix mètres de hauteur au moins – qu’après la saison des pluies, avant de la faire sécher pas moins d’un an ! Cela laisse le temps de bien réfléchir à ce qu’on va en faire…
A l’aide d’un petit fer à repasser cette ouvrière appuie avec soin sur l’écorce dont elle a enduit le verso afin qu’elle adhère parfaitement au corps de la boîte à thé. Au préalable elle a bien sûr poli l’écorce avec un soin immense, doucement, d’un mouvement répétitif exercé avec la lame d’un couteau, afin de lui donner une souplesse étonnante.
Je l’observe avec admiration, dans le silence de son atelier. La boîte à thé achevée, elle la caresse devant moi, me la tend avec une discrète fierté et je pense au beau thé vert japonais pour lequel elle constitue un écrin idéal.