Les Darjeeling de Printemps sont les thés les plus difficiles à acheter car la production n’y est pas organisée comme ailleurs. A Darjeeling, on récolte les feuilles d’un même théier tous les 7 à 10 jours et comme les plantations sont divisées en une dizaine de parcelles cela revient à cueillir sans cesse. Aussitôt après la cueillette, on transforme les feuilles jusqu’à obtenir un lot qui sera proposé à la vente dans son intégralité. Chacune des 80 plantations de cette région manufacture donc un thé chaque jour, pour ne parler que des thés en feuilles entières, les meilleurs, bien sûr. Ces plantations ne mélangent pas le thé d’un jour avec le thé du lendemain. Cela signifie que 6 fois par semaine durant environ 6 semaines chacune des 87 plantations met en vente un thé, ce qui fait aux alentours de 3.000 lots différents à goûter pour ce qu’on appelle les Darjeeling de printemps. Les différences de qualité sont considérables d’un lot à un autre. Même issu de la même plantation, un thé peut être cent fois meilleur qu’un autre si on voulait quantifier ces différences.
Bien sûr, on ne peut se fier de façon certaine ni à un nom de jardin, ni à un cépage, cela serait trop simple. Seule la dégustation à l’aveugle permet de juger de la qualité. Et il faut aller vite, très vite car même si nous sommes peu nombreux à recevoir ces échantillons – une trentaine d’acheteurs seulement de par le monde -, il suffit parfois de 30 minutes après réception des quelques grammes nécessaires à sa préparation pour qu’un très beau thé soit déjà vendu. Il faut donc aller vite tout en restant calme et concentré, aussi zen que possible. Mais ces thés en provenance du toit du monde en valent largement la peine, ce sont les premiers thés de la saison, ils portent en eux cette fraîcheur printanière et ces parfums floraux, zestés, incomparables.