ARCHIVE DE 2017

Le goût du détour

13 janvier 2017
Le goût du détour

Beaucoup imaginent que je visite les plantations de thé uniquement au moment des récoltes. Il n’en est rien. J’aime aller à la rencontre d’un planteur ou d’un fermier lorsqu’il a du temps à me consacrer et n’a rien à me vendre. Lorsqu’il n’est pas préoccupé à chaque instant par la qualité du thé qu’il est en train de produire. Au Japon, si je visite des champs de thé la première quinzaine du mois de mai, époque durant laquelle sont manufacturés les plus beaux thés du pays, le fermier n’aura que très peu de disponibilité. Il va s’occuper de moi, bien sûr, mais il sera sous tension car depuis tôt le matin jusqu’à la tombée de la nuit il passera de son champ à l’usine, à défaut de pouvoir être dans les deux en même temps. En revanche, en ce début janvier, ici, au Japon, les fermiers ont du temps. On va pouvoir s’asseoir ensemble et déguster de nombreux thés, se promener à loisir entre les rangées de théiers, observer chaque outil, chaque machine, comprendre les difficultés du cultivateur, lui poser mille questions puis aller déjeuner ensemble dans une auberge traditionnelle et faire l’éloge des spécialités locales, par l’ouverture de la pièce sur un étang miniature, admirer la beauté des carpes, parler de tout et de rien, c’est ainsi qu’on apprend. Et j’ai appris énormément de choses sur le thé, sur sa culture, en agissant de la sorte, c’est-à-dire en prenant mon temps. Bien davantage qu’en venant simplement en pleine saison et en me dépêchant de goûter et d’acheter le thé dont j’avais besoin. Dans la vie, et encore plus au Japon qu’ailleurs, rien ne vaut les détours. Rien ne vaut le fait de prendre son temps. Ne pas avoir peur de le perdre. Il n’y a rien à perdre à aller lentement. J’agis ainsi dans chaque pays de thé. Je viens parfois en pleine récolte mais je sais être aussi là pour écouter, pour apprendre. Ne surtout pas croire qu’en dehors des récoltes il ne se passe rien. Et puis, la lenteur, il faudrait faire son éloge, c’est important la lenteur, surtout en Asie. Ici, fuir la précipitation, l’efficacité, le rendement. Vivre avec bonheur l’expérience du détour.

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Des ponts qui relient les hommes

6 janvier 2017
Des ponts qui relient les hommes

Pour vous exprimer mes vœux de belle année, je choisis la photo d’un pont. J’aime les ponts. J’aime les passerelles, j’aime tout ce qui enjambe les obstacles, tout ce qui relie les hommes à d’autres hommes.  Il y a des gens qui édifient des murs, il y en d’autres qui bâtissent des ponts. Il y a des gens qui s’enferment, qui se clôturent, qui se rêvent ceints de murs, il y en a d’autres qui jettent des cordes, des échelles, des câbles dans le vide, qui font fi des précipices, qui font fi des obstacles, qui font fi des difficultés de toutes sortes, qui défient. Il y a des gens qui ont peur, il y a des gens qui font confiance. Je vous souhaite une année toute en passerelles, en défis, en audace, je vous souhaite de suivre le chemin du cœur.

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