Avant de me lancer dans le thé, j’ai longtemps rêvé de devenir journaliste. J’aimais l’idée de m’intéresser aux gens, de leur poser des questions, de comprendre ce qu’ils faisaient, de me faire expliquer des choses parfois compliquées et d’essayer de les rendre compréhensibles. J’aimais l’idée d’investiguer, de recouper l’information, de mettre à l’aise mon interlocuteur pour instaurer un dialogue de qualité. J’avais envie d’un métier qui m’emmène au bout du monde, qui me fasse rencontrer des gens de tous les horizons, de toutes cultures, des hommes et des femmes qui ne parlent pas ma langue, qui ne partagent pas mon histoire. J’avais envie de recevoir leur message et de le transmettre. Et puis, finalement, je me suis créé ce métier de chercheur de thé qui n’existait pas. J’aurais pu me contenter de rester derrière le comptoir de ma boutique de thé, j’aimais ça, accueillir les clients, les écouter, les orienter, mais j’ai eu envie d’aller plus loin, de mener mon enquête, de savoir d’où venaient ces feuilles de thé. J’ai appris d’abord à déguster, à reconnaître les goûts, les arômes, j’ai appris ensuite des langues étrangères. J’avais soif de découvertes, d’aller au-devant d’un monde ignoré, celui de la culture du thé. J’ai fait mon balluchon. J’ai été à la rencontre des fermiers, des cultivateurs, des négociants, des cueilleurs, des planteurs. Je me suis pris au jeu. Voyage après voyage. J’ai pris mon temps. Je suis parti à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui peuplent ces montagnes sur lesquelles ils pratiquent la culture du thé. Je les ai trouvés dans les champs, sur la place d’un village, devant l’usine. Je me suis assis. Je suis resté. J’ai écouté. Ecouté. Ecouté. J’ai tout enregistré. Et voilà comment, trente-deux ans plus tard, ce métier me comble et que ce qui me plaisait tant, autrefois, dans ce métier de journaliste, je le retrouve ici dans celui de chercheur de thé.
Chercheur de thé, une manière de mener l’enquête
1 février 2019