Parcourir le monde ne constitue pas une nécessité, y compris lorsque l’on exerce un métier comme le mien. Malgré la situation sanitaire mondiale, les échantillons des thés produits au bout du monde par les fermiers que nous connaissons nous arrivent. Nous les dégustons au chaud de notre salle de dégustation. Nous sélectionnons ceux que nous souhaitons. Bref, le monde du chercheur de thé continue de tourner à peu près rond en ces temps de Covid 19. Un monde étrange qui nous laisse cependant immobiles. Et lorsque la nostalgie du voyage nous prend, la nostalgie de ces paysages merveilleux, de ces montagnes, de ces cieux changeants, rien n’empêche, après tout, de nous y transporter grâce au pouvoir de l’image. Ici nous sommes dans le nord de la Thaïlande, le Triangle d’Or n’est pas loin.
ARCHIVE DE 2020
Quel thé pour un buveur de café ?
Vous vous êtes sûrement demandé un jour quel thé faire déguster à un buveur de café récalcitrant. En effet, certains considèrent qu’en-dehors de leur petit noir il n’existe point de salut. Dans un cas semblable et par expérience, je vous conseille des thés aux notes pyrogénées (c’est-à-dire grillées ou encore torréfiées). Ces composés aromatiques sont très présents dans trois fameux thés japonais qui sont le Bancha Hojicha, le Shiraore Kuki Hojicha et enfin le Genmaicha. Trois thés très abordables et très faciles à apprécier qui constituent, du fait de leur parfum de torréfaction, la passerelle idéale pour aller du café vers le thé.
Des idées pétillantes
Que fait un chercheur de thé lorsqu’il ne peut plus voyager ? Il passe davantage de temps à déguster et tente de nouvelles expériences. Depuis longtemps je songe à infuser du thé dans de l’eau gazeuse, voilà qui est fait. Une heure à température ambiante, ici dans de l’eau de Perrier. Le résultat est édifiant : une boisson très rafraîchissante et, la surprise passée, délicieuse. Saine, et non sucrée, de surcroît. Elle rivalise avantageusement avec ce que l’on trouve comme soda et se conserve 24 heures au frais. De gauche à droite, Thé au yuzu, Genmaicha, Chaï Impérial et Perles de jasmin.
Ça chauffe !
On parle beaucoup de bilan carbone et si l’on pense au thé, vient aussitôt à l’esprit l’image du transport, maritime ou aérien. Pour autant, lorsque vous dégustez une tasse de thé, savez-vous quel est le principal facteur qui impacte ce bilan ? Il s’agit tout simplement de l’énergie qui sert à faire chauffer l’eau du thé. A la bouilloire, donc. Son impact est bien supérieur à celui du transport de quelques feuilles qui ne pèsent pas grand chose. Lorsque vous vous préparez un thé, si vous voulez réduire votre empreinte carbone, faites chauffer la quantité d’eau strictement nécessaire et arrêtez la bouilloire à la température choisie, plutôt que de faire chauffer deux fois trop d’eau ou bien de la conduire à une température trop élevée, pour la laisser refroidir ensuite.
Confinement et fermentation
Les feuilles de thé ne doivent pas rester confinées longtemps, au risque de fermenter. Lors de leur transport jusqu’au lieu de leur manufacture, sitôt la récolte achevée, elles sont emballées dans des sacs dont la matière doit être assez légère et aérée, et le temps de trajet suffisamment court, pour ne pas faire courir aux jeunes pousses le risque d’une transformation involontaire.
Boire ou ne pas boire la tasse
Lorsque l’on déguste un nombre important de thé et que ceux-ci sont particulièrement tanniques et astringents, se pose la question d’avaler ou de ne pas avaler. Afin de préserver son palais, le dégustateur, une fois l’avoir fait tourner en bouche et analysée, va parfois préférer cracher la liqueur. Ainsi peut-il aborder la suivante avec une parfaite neutralité.
Nos amis népalais ont besoin de vous
De tous les pays producteurs de thé, celui qui a le plus souffert du Covid 19 est le Népal. Plusieurs raisons à cela : de petites fermes éparses ; des infrastructures défaillantes (routes coupées, aéroport international fermé ou saturé) ; une absence d’accès à la mer…
Le Népal fait partie des pays les plus pauvres du monde. J’ai fait de mon mieux pour soutenir mes amis producteurs durant cette période difficile et de délicieux thés qui auront mis plusieurs mois à nous parvenir commencent à être disponibles. Je compte sur vous pour les découvrir au nom de ces petits producteurs, de ces coopératives, de ces fermiers souvent très jeunes, qu’il faut encourager et ne surtout pas laisser tomber. La qualité et la variété de la production sont uniques lorsque l’on regarde du côté des Grands Crus, le rapport qualité-prix également.
Bientôt la rentrée !
Ici comme ailleurs, il est bientôt l’heure de la rentrée. Nous assurer que dans les plantations de thé, les enfants des villageois vont bien à l’école fait partie de notre travail. Il ne suffit pas de trouver des thés délicieux, encore faut-il que nous soyons fiers de la façon dont ils ont été manufacturés. En visite dans une plantation, au même titre que celle du dispensaire, une visite des salles de classe, une rencontre avec des élèves, des professeurs, s’impose.
De belles vacances
Ce n’est pas cet été que vous ferez connaissance avec les pêcheurs du lac Inle. En équilibre à une extrémité de leur pirogue, d’un mouvement rotatif de la jambe enroulée autour de leur rame, ils entraînent d’une façon toute mystérieuse les poissons vers le filet qu’ils tiennent d’une main.
Au yeux du voyageur que je suis et si j’en juge par la fréquence de leur prise, l’aisance et la poésie de leur geste mille fois répété contraste avec son apparente efficacité. Je vous souhaite de belles vacances et si vous testez, là où vous êtes cette technique de pêche, vous m’en direz des nouvelles.
Prendre le large
En temps normal, la période estivale offre une belle occasion de prendre le large. Mais cette année, je doute que vous ayez la chance de découvrir de lointains paysages. La magnifique baie de Kagoshima, par exemple. L’un des plus célèbres volcans japonais la domine. Il a pour nom Sakurajima. En activité, il crache trois à quatre fois par jour de somptueuses volutes blanches et ces fumerolles s’étirent dans le ciel de cet extrême sud du Japon que les amateurs de thé connaissent bien. Les gyokuros sont ici fameux et c’est dans un sol fait de lave que les théiers enfouissent leurs profondes racines.