De nos jours, ce sont souvent les femmes qui récoltent le thé dans les plantations créées par les Anglais. En Inde, au Sri Lanka et dans différents pays d’Afrique de l’Est… Pourtant, ça fait longtemps que nos amis britanniques ont abandonné la partie. Et si les pratiques mises en place par eux demeurent dans maintes zones de production, il n’en reste pas moins que lorsque les cultivateurs se retrouvent livrés à eux-mêmes, comme ici entre Gange et Brahmapoutre, ils se répartissent les tâches comme ils l’entendent. Et ça fait du bien de voir les hommes aux champs, ça fait du bien de ne pas entendre les mêmes sempiternelles bêtises : « Les doigts des femmes sont plus fins, plus agiles… », « Les femmes ont des pratiques plus délicates… ». Quelle blague ! Même ceux que je photographie, cela les fait rire. Finissez 2023 en beauté et à l’année prochaine !
ARCHIVE DE 2023
Moteur !
Dans une plantation de thé – à moins de tout faire à la main, du passage au wok jusqu’au séchage, ce qui représente un travail proprement titanesque -, il faut un moteur pour faire tourner les différentes machines. Une curiosité attend celui ou celle qui a la chance de visiter la factory de Badamtam (Inde). Un antique et non moins authentique moteur de bateau trône à l’arrière du bâtiment et après avoir entraîné durant des années les diverses machines dédiées au thé. Aujourd’hui, l’engin brille comme un sou neuf aux côtés d’un petit temple hindou. Les dieux veillent à son parfait fonctionnement.
Un métier humain
Inviter des collaborateurs à m’accompagner en voyage représente pour moi une chance unique de faire découvrir à celles et ceux qui participent au succès de Palais des Thés d’où vient le thé, comment on le source, qui sont celles et ceux qui les récoltent et le manufacturent. Sur place, comme ici à Darjeeling (Inde), ils vont se plonger dans l’univers du thé, prendre les feuilles à pleines mains et les analyser à chaque étape de leur transformation. Mais surtout, ils vont découvrir à quel point le métier de chercheur de thé est un métier humain. Les hommes et les femmes qui vivent sur ces montagnes, nous les connaissons – depuis plusieurs décennies pour certains-, et nous les aimons. Ici, entre deux dégustations et visites de plantation, Audrey, Camille, Geoffroy, Laurence, Laurie et Marc réalisent que la cueillette n’est pas une activité aussi aisée qu’il y paraît.
Tea reporter
Avant de travailler dans le thé, il y a donc de cela plus de trente-six ans, j’ai eu envie de devenir journaliste. Et depuis cette époque je mêle à ma façon ce vieux rêve et mon activité, en l’occurrence ma recherche de thés rares. Je m’essaye au reportage. D’où ce blog, entre autres. Ou encore ce podcast « Un thé, un voyage », qui me donne lui aussi la chance de pouvoir vous emmener en voyage.
Ici, lorsque je tombe sur des villageois qui vivent dans un tel dénuement, c’est le reporter qui prend le dessus et qui se demande, est-ce que le thé que l’on récolte ici les aide à vivre, ces villageois, et sans le thé ça serait pire encore ? Ou bien est-ce que le thé – un thé de piètre qualité qui ne vaut rien ou presque -, contribue à les maintenir dans cette condition-là ?
« Master Tea Sommelier », à la fois œnologue, sommelier et caviste
Être Master tea sommelier, en quoi cela consiste-t-il ? Un Master Tea Sommelier est avant tout un passionné, doublé d’un expert, qui a envie de transmettre son savoir. Il peut former ses collègues, enrichir les connaissances de ses clients, intervenir auprès de chefs étoilés, par exemple. Un Master Tea Sommelier connait ses thés sur le bout des doigts ou plutôt de la langue, thés noirs, blancs, verts, bleu-verts, jaunes, sombres. Les techniques de manufacture de chaque thé n’ont pas de secret pour lui. L’histoire du thé, sa géographie, les cépages et les méthodes agricoles, l’analyse sensorielle lors de la dégustation, la connaissance et la maîtrise des objets du thé, rien ne lui échappe. Il sait aussi quel thé associer à quel mets ou encore quel thé utiliser dans telle ou telle recette de cuisine. Un Master Tea Sommelier est à la fois œnologue, sommelier et caviste. A ce jour, Palais des Thés a délivré 53 diplômes et consacré autant d’heureux passionnés. Peut-être l’un d’entre eux travaille-t-il dans votre boutique préférée, n’hésitez pas à le demander…
(Photo : Louise Marinig)
« Master Tea Sommelier », la passion en partage
Une fois l’an, Palais des Thés réunit ses « Master Tea Sommeliers ». Ces formidables passionnés représentent le niveau de connaissance le plus élevé. Ils ont acquis un savoir impressionnant et décroché le fameux diplôme si convoité et le plus exigeant. Une journée est donc dédiée à ces bienheureux experts, journée de partage et d’expériences diverses. Déguster ensemble, se retrouver autour d’une passion commune… What else ?
(Photo : Louise Marinig)
Petits producteurs et grands domaines
A Darjeeling, une région à laquelle je suis particulièrement attaché et que j’ai si souvent visitée, on trouve de grands domaines tels qu’ils ont été créés par les British entre le milieu et la fin du 19ème siècle. On trouve aussi quelques initiatives locales, des petits producteurs qui possèdent quelques hectares ou bien collectent les feuilles de paysans alentour. On les voit parfois intervenir aussi sur des plantations à l’abandon. C’est alors toute la famille qui récolte et qui va ensuite manufacturer ces feuilles de façon artisanale, certes, mais parfois très réussie. Parmi ces initiatives, citons Yanki tea farm ou encore Niroula tea farm.
Une vie
Je passerai ma vie à photographier les gens du thé. A les observer. A les aimer. Je passerai ma vie à marcher à leurs côtés. A me poser près d’eux. A prêter la plus grande attention à chacun de leur geste. A attendre la bonne lumière. A leur dire quelques mots dans leur langue, si je peux. A trouver des choses à partager. Ou bien à me taire et à prendre dans les poumons tout l’air que je peux et même davantage, et le sentir circuler dans mon corps, cet air-là.
Je passerai ma vie à photographier des gens qui me regardent, des gens qui rougissent ou bien qui rient. Des gens qui en redemandent, qui se précipitent sur l’écran de contrôle de mon Canon une fois la photo prise. Ou d’autres, plus distants. Ici, une femme au panier bien rempli, derrière laquelle j’ai longtemps marché et dont j’ai tenté en vain de capter l’attention, me tourne le dos et s’en va.
Le deuxième nez
L’une des phases les plus délicates de la fabrication du thé noir consiste à l’oxyder convenablement. Pour cela on laisse la feuille se flétrir durant une bonne dizaine d’heures, on la malmène ensuite afin d’en détériorer la structure. Et vient le moment de cette fameuse oxydation qui a lieu dans une atmosphère humide. C’est durant cette étape que la feuille change de couleur et vire du vert au brun. C’est aussi à ce moment-là que ses arômes se modifient de façon radicale : apparaissent des notes de bois, de fruits compotés, d’épices, parmi une multitude d’autres. A quel moment stopper l’oxydation ? A Darjeeling, on croit au deuxième nez, ce qui signifie ceci : au commencement de leur oxydation, les feuilles de thé vont dégager une odeur intense mais si on attend quelques minutes ce parfum va peu à peu disparaître pour revenir un peu plus tard en force. Ce retour aromatique, c’est précisément ce que l’on nomme le deuxième nez. Il signifie qu’il est temps de stopper la parfaite oxydation que l’on a obtenue. Reste alors à sécher les feuilles, à les trier et à les emballer.
Jour de grève
Aujourd’hui, veille de la plus grande fête religieuse de l’État du Bengale-Occidental, le personnel de cette plantation située dans les Dooars est en grève. Sa revendication : une prime annuelle en hausse, qui permettra à chacun d’acheter des cadeaux pour toute la famille, les amis. Cette prime représente ici une partie significative du salaire annuel. Les théiers ont fière allure en soutien des sacs et des ombrelles. Quelques heures plus tard, ayant obtenu satisfaction, chacun retrouve ses affaires et la cueillette reprend.