Je passerai ma vie à photographier les gens du thé. A les observer. A les aimer. Je passerai ma vie à marcher à leurs côtés. A me poser près d’eux. A prêter la plus grande attention à chacun de leur geste. A attendre la bonne lumière. A leur dire quelques mots dans leur langue, si je peux. A trouver des choses à partager. Ou bien à me taire et à prendre dans les poumons tout l’air que je peux et même davantage, et le sentir circuler dans mon corps, cet air-là.
Je passerai ma vie à photographier des gens qui me regardent, des gens qui rougissent ou bien qui rient. Des gens qui en redemandent, qui se précipitent sur l’écran de contrôle de mon Canon une fois la photo prise. Ou d’autres, plus distants. Ici, une femme au panier bien rempli, derrière laquelle j’ai longtemps marché et dont j’ai tenté en vain de capter l’attention, me tourne le dos et s’en va.