En mars 1987, Palais des Thés ouvre sa première boutique. À Paris. 6ème arrondissement. Objectif ambitieux : faire découvrir le thé aux Français. Après 37 années de joyeux militantisme et grâce à ses équipes de passionnés, grâce à la qualité de ses thés, à ses relations privilégiées avec les fermiers, à ses délicieuses créations, Palais des Thés a su convertir un très grand nombre de curieux via un réseau de plus d’une centaine de boutiques et de partenaires prestigieux. En novembre 2024, Palais des Thés ouvre sa première boutique en Italie. À Padoue. Faire connaître le thé aux Italiens, quel beau défi ! Quelle belle mission ! Grâce à nos Tea Sommeliers, nos experts, avec toute la joie qui nous habite, grâce à l’énergie de Matteo qui est en charge de ce beau développement, nous voici animés par ce formidable projet : créer un moment de thé chez nos voisins experts es-café.
ARCHIVE DE 2024
L’expérience de la cueillette
Pour comprendre le thé, sa transformation, rien ne vaut de faire soi-même l’expérience de son élaboration. Et ce chemin passe en premier lieu par la cueillette, c’est-à-dire la sélection des jeunes feuilles qu’il va falloir manufacturer. Rien de tel que de mettre la main à la pâte pour prendre conscience de la précision nécessaire, de la délicatesse, de la difficulté de chacune des étapes qui conduisent à la naissance d’un thé et si possible d’un grand cru.
Ici, à Kalapani (Népal), Céline dont le métier consiste à diriger toute la chaîne d’approvisionnement de Palais des Thés, est initiée à la cueillette et s’applique à récolter, sur chaque rameau arrivé au stade de développement désiré, le bourgeon et les deux feuilles suivantes.
Faire connaissance
Lorsque l’on observe la feuille sèche, on apprend quelque chose du thé : sa teneur en bourgeons, la taille et la couleur de la feuille, son degré d’oxydation. Voilà une raison essentielle d’acheter le thé en vrac, pouvoir en admirer la qualité. Nul besoin d’être un expert pour cela. Choisir son thé en connaissance de cause relève simplement du bon sens et l’apparence de la feuille importe beaucoup dans ce que nous réserve l’expérience de la dégustation.
Voici enfin une seconde raison de réserver l’achat du thé au seul vrac : le plaisir du thé ne commence pas au moment de porter le thé à ses lèvres, mais à l’heure où chez soi, on ne sait pas encore quel thé choisir, on hésite. Tandis que dans la bouilloire l’eau commence à chauffer, on soulève le couvercle de ses différentes boîtes, on reproduit l’expérience que l’on vit chez le marchand de thé, on hume les feuilles, on les observe, on se demande quel thé convient le mieux au moment présent. Cet échange nous prépare au rituel de la dégustation.
Ici, il n’est qu’à observer ces feuilles d’une grande beauté (il faut souligner le travail remarquable de moult petits producteurs népalais) pour déjà sentir monter en soi le désir de faire connaissance.
Vivre le thé
Le thé, on peut parcourir le monde à sa recherche, on peut le déguster, l’analyser.
Il est en revanche rare de pouvoir le manufacturer soi-même. Récolter les feuilles, les rouler entre ses mains, les aider à se flétrir, les observer tandis qu’elles s’oxydent jusqu’au moment de les mettre à sécher, constitue pour tout amateur une expérience rare. Ici, en Géorgie, Nathalie, responsable au sein du service des Ressources Humaines et Charlotte, responsable de la boutique de la rue Raymond-Losserand à Paris, découvrent la joie de s’adonner à la fabrication de leur propre thé.
Demain elles le dégusteront. À l’instant de prendre cette photo, elles ne se doutent pas à quel point cette expérience particulièrement réussie les rendra à la fois étonnées et fières. Après tout, c’est bien la première fois qu’elles créent leur propre thé. Une expérience inoubliable.
De cœur avec eux
Au Népal, les dégâts subis à la suite de pluies torrentielles sont considérables. Nous pouvons avoir une pensée pour toutes celles et ceux qui en sont victimes. Ce sont souvent les personnes les plus démunies qui perdent le plus.
Par chance, nos chers producteurs de thé sont rarement victimes des débordements de rivières. Le thé pousse en hauteur et préfère les pentes aux fonds de vallées dont le sol est trop humide au goût du camellia sinensis. Cependant, il arrive qu’à la suite d’une mousson particulièrement violente, des glissements de terrain emportent avec eux des routes, des maisons, et la vie de leurs habitants. Des pans entiers de montagnes finissent parfois en une coulée de boue, faisant là encore des victimes.
Le Népal fait partie des pays les plus pauvres du monde. Il subit non seulement des inondations majeures mais aussi parmi les pires tremblements de terre. Raison de plus pour penser à nos amis de cet ancien royaume himalayen qui compte nombre de remarquables petits producteurs de thé. Ils ont besoin de nous pour vivre, tout simplement. Préparons-nous une tasse de l’un de leurs délicieux thés et soyons, chacun à notre manière, de cœur avec eux.
Réjouissons-nous
En bon Français que je suis, il m’arrive sûrement de me plaindre plus souvent qu’à mon tour. Pester contre ceci, râler contre cela. Et pourtant, moi qui voyage une grande partie de l’année, dans des pays aussi différents que peuvent l’être un royaume himalayen, un pays andin, une terre de la vallée du Grand Rift, des pays qui n’ont pas notre chance et loin de là, en termes de niveau de vie, je suis bien placé pour savoir que la France fait rêver le monde entier, qu’elle constitue une sorte de paradis aux yeux de tant d’habitants de la planète. Et c’est vrai qu’il suffirait de pas grand-chose pour qu’elle le devienne, un paradis, la France, à la condition de se réunir, de travailler ensemble, dans la recherche de compromis, plutôt que de vouloir à tout prix jeter de l’huile sur le feu, préférer se battre que de s’entendre, penser que la violence va résoudre quelque problème que ce soit. Pourquoi sommes-nous toujours si à l’aise dans la protestation et n’envisageons-nous pas joyeusement de nous remonter les manches et de nous mettre à construire ? Mystère.
Le thé m’a ouvert à l’harmonie, à la recherche du point d’équilibre, à l’attention à l’autre. Et si nous regardions le monde autrement ? Le temps d’un thé, cherchons quelque chose à observer autour de nous. Et cette beauté-là, tout en portant en bouche le délicat nectar, contemplons-là, et réjouissons-nous.
Fumer le thé
Les inconditionnels du thé fumé le savent – eux qui ont si peur parfois de manquer – il existe peu d’alternatives à la puissance et au bouquet aromatique de cette recette qui nous vient de Chine et ce, bien que dans l’Empire du Milieu, nul n’ait jamais bu de ce thé qui fait faire des grimaces aux plus téméraires. Sa puissance est telle que l’on jurerait au moment d’en humer le parfum être tout entier plongé dans l’âtre. Le plus connu de ces thés fumés se nomme Lapsang Souchong. Pour d’obscures raisons, l’Union Européenne a dans le nez une molécule que l’on nomme anthraquinone et qui apparaît ici lors du process de combustion. Aussi, faut-il de temps à autre solliciter de nouveaux producteurs de divers pays afin de leur faire faire des essais de fumage. A l’aide de différents bois, ici des aiguilles de pin.
Apaisant, comme le thé !
Ce blog a pour vocation de vous parler de tout ce qui a trait au camellia sinensis, et non pas de tel ou tel monument, aussi admirable soit-il, qu’un chercheur de thé peut rencontrer sur sa route. Pourtant, lorsque je me suis retrouvé face au Temple d’Or, à Amritsar, dans le calme, l’apaisement, la féérie des lumières, de l’or, de la nuit qui tombe et scintille à la fois, une sensation de plénitude m’a envahi. Un calme absolu, malgré la foule. Une sérénité. Un moment suspendu. Une évasion. Une chance. Un bonheur. Un don. Ce sont ces mots-là qui me sont venus tandis que je ressentais l’appel de la contemplation. Ce sont ces mots qui m’ont d’abord traversé l’esprit. Aussitôt j’ai désiré me poser. Observer les reflets sur l’eau. Aussitôt il m’a semblé que cet élément liquide, cette matière précieuse, cet or, correspondaient à ce que je ressentais au contact d’une tasse de thé. Quelque chose de rare, d’unique, d’une délicatesse absolue, un appel au calme, au repos, à l’harmonie. Lorsque je déguste mon thé, je ferme les yeux, ce que je vois est beau, lumineux, apaisant, à l’image du Temple d’Or.
Un moment fort
Lorsque je rends visite à quelqu’un qui manufacture du thé, j’essaie de venir avec quelques échantillons que j’ai sélectionnés à son intention et que j’ai hâte de lui faire découvrir. La plupart des fermiers ne voyagent pas. Ils passent l‘année entière dans leur plantation, connaissent très peu d’occasions de déguster d’autres thés que les leurs. Il me semble que c’est important de les ouvrir à cette découverte, non pas pour qu’ils soient dans l’idée d’imiter mais pour les inspirer et les relier ainsi à d’autres producteurs de thé, eux-mêmes fiers de ce qu’ils manufacturent. Le temps de cette dégustation comme ici à Satemwa, en Afrique australe, constitue pour moi un moment fort.
Une cueillette de qualité
Le thé ne se récolte pas tout seul. Il m’importe de mettre en avant le travail de celles et ceux qui chaque jour prélèvent sur chaque rameau le bourgeon et les deux feuilles qui composent une cueillette de qualité. Cette tâche qui s’effectue encore à la main dans de nombreux pays constitue une étape d’autant plus délicate qu’il est impossible de manufacturer un grand cru si au départ la cueillette n’a pas été réalisée avec un soin suffisant.