Je vous avais prévenu, le petit train de Darjeeling est ici chez lui. Il évolue en parallèle de mes billets. Parfois, il traverse ma route, d’autres fois, il la longe. Il n’en fait qu’à sa guise et au rythme qui est le sien. Il sait prendre son temps. Il parcourt les quatre-vingt kilomètres qui séparent Jalpaiguri de Darjeeling en huit heures, une moyenne de dix kilomètres par heure qui ravira les adeptes de la lenteur.
Darjeeling Himalayan Railway
A hauteur de théiers
En terre himalayenne
Souffle une cheminée
Cheminant à grand-peine
Fumant comme une tasse
Et tirant à la ligne
Dans un grincement passe
Le train de Darjeeling
Loin des wagons-sleepings
Le train de Darjeeling
De la taille d’un jouet
Au milieu de la ville
Il s’improvise un quai
Et plus loin se faufile
Tout gonflé de touristes
Il offre son trav’lling
Jouant les alpinistes
Le train de Darjeeling
Loin des wagons-sleepings
Le train de Darjeeling
Sous les pluies de printemps
A flanc d’Himalaya
Il mêle un sifflement
Au chant des camélias
La récolte déjà
Impose son timing
Quand passe en contrebas
Le train de Darjeeling
Loin des wagons-sleepings
Le train de Darjeeling
A vapeur ou diésel
Au pays des orages
Il s’en va de plus belle
Tutoyer les nuages
Dans les reflets cuivrés
De ce thé de standing
Regardez s’étirer
Le train de Darjeeling
Loin des wagons-sleepings
Le train de Darjeeling
N’ croyez pas qu’il s’enroue
Si sa voie fait des nœuds
Qu’on le pousse à la roue
Et il fait de son mieux
Quand à toute vapeur
Dans un dernier looping
Modèle de lenteur
Il atteint Darjeeling
Loin des wagons-sleepings
Le train de Darjeeling
Je n’ai pas voyagé
Plus loin que ma théière
Mais je suis passager
De ce chemin de fer
Et dans ce thé qui fume
Je vois entre mes mains
S’élever dans la brume
Ce curieux petit train
Philippe Thivet
http://philippethivet.e-monsite.com/
J’adore!
En lisant ce poème et dégustant mon thé, j’ai voyagé ce matin au rythme du petit train.
C’est beau la poésie quand elle est bien sentie et que les émotions montent et les images aussi, merci.