A Darjeeling, les années se suivent et ne se ressemblent pas. En un peu plus de 30 ans, je n’ai jamais connu quoi que ce soit qui s’apparente à la situation actuelle. Pour mémoire, une grève de 105 jours a empêché tout travail dans les 87 plantations entre juin et octobre. Lorsque les autonomistes ont levé les barrages, l’heure était à Durga Puja, le Noël local. Après des mois d’abandon il a fallu se relever les manches et civiliser à nouveau la jungle. Seulement la main d’œuvre avait en partie fuit le conflit pour trouver du travail dans la vallée. Et voilà où nous en sommes : les théiers ont été rabattus très tardivement – fin décembre, parfois -, ce qui fait que les premières récoltes de Darjeeling de printemps se font attendre. Ce mercredi 14 mars de rares et timides pousses émergent des théiers (photo). Certes, de soi-disant Darjeeling de printemps sont déjà sur le marché depuis plus d’un mois, c’est la magie des Darjeeling de printemps, avant même d’être récoltés ils sont déjà vendus. Explication : certaines plantations de basse altitude bénéficiant d’un climat chaud et équipées d’un système d’irrigation arrivent à produire de petits lots pendant l’hiver. Ils leur attribuent à tort le qualificatif de thés de printemps. Dommage car cela n’a rien à voir en terme gustatif avec cette lente poussée de sève à partir de laquelle on produit un thé unique qui fait la renommée de Darjeeling.
Timides pousses
16 mars 2018